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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

suprême de Buddha parfaitement accompli, tous ces êtres, ô Religieux, placés aujourd’hui même sur le terrain des Çrâvakas, sont mûris pour l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ; ils sont parvenus au rang qui assure la possession de cet état. Pourquoi cela ? C’est que, ô Religieux, la science des Tathâgatas n’obtient pas aisément la confiance des hommes(103 b). Et quels sont donc, ô Religieux, ces êtres sans nombre et sans mesure, semblables aux sables du Gange, ces centaines de mille de myriades de kôṭis d’êtres vivants qui, pendant que j’étais Bôdhisattva, sous l’empire du Bienheureux, ont entendu de ma bouche la parole de l’omniscience. f. 104 a.C’est vous, ô Religieux, qui, en ce temps à cette époque, étiez ces êtres.

Et ceux qui dans l’avenir seront Çrâvakas(104 a), lorsque je serai entré dans le Nirvâṇa complet, ceux-là entendront exposer les règles de la conduite des Bôdhisattvas, mais ils ne s’imagineront pas qu’ils sont des Bôdhisattvas. Ces êtres, en un mot, ô Religieux, ayant tous l’idée du Nirvâṇa complet, entreront dans cet état. Il y a plus, ô Religieux, s’il arrivait que je dusse me retrouver dans d’autres univers sous d’autres noms, ces êtres y renaîtraient aussi de nouveau, cherchant la science des Tathâgatas, et ils entendraient de nouveau cette doctrine : Le Nirvâṇa complet des Tathâgatas est unique ; il n’y a pas là un autre ni un second Nirvâṇa. Il faut reconnaître ici, ô Religieux, [dans l’indication de plusieurs Nirvâṇa,] un effet de l’habileté dans l’emploi des moyens dont les Tathâgatas disposent ; c’est là l’exposition de l’enseignement de la loi. Lorsque le Tathâgata, ô Religieux, reconnaît que le temps, que le moment du Nirvâṇa complet est venu pour lui, et qu’il voit que l’assemblée est parfaitement pure, qu’elle est pleine de confiance, qu’elle comprend les lois du vide, qu’elle est livrée à la contemplation, livrée à la grande contemplation, alors ô Religieux, le Tathâgata, se disant : « Voici le temps arrivé », après avoir rassemblé tous les Bôdhisattvas et tous les Çrâvakas, leur fait entendre ensuite ce sujet : Il n’y a certainement pas, ô Religieux, dans le monde un second véhicule, f. 104 b.ni un second Nirvâṇa ; que dire donc de l’existence d’un troisième ? C’est là un effet de l’habileté dans l’emploi des moyens dont disposent les Tathâgatas vénérables, etc., [qu’il paraisse exister plusieurs véhicules,] lorsque voyant la réunion des êtres profondément perdue, livrée à des affections misérables, plongée dans la fange des désirs, le Tathâgata leur expose l’espèce de Nirvâṇa dans lequel ils sont capables d’avoir confiance.