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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

il pensa qu’il allait atteindre à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Cependant les lois de cet état ne lui apparaissaient pas encore face à face. Il resta donc pendant un moyen Kalpa auprès de l’arbre Bôdhi, dans la pure essence de l’état de Bôdhi ; il passa encore un second moyen Kalpa dans cette situation ; et cependant il ne parvint pas à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Il passa ainsi un troisième, un quatrième, un cinquième, un sixième, un septième, un huitième, un neuvième, un dixième moyen Kalpa auprès de l’arbre Bôdhi, dans la pure essence de l’état de Bôdhi, gardant pendant tout ce temps la même posture, c’est-à-dire les jambes croisées, f. 87 b.sans se lever une seule fois dans l’un de ces intervalles, conservant sa pensée comme son corps dans une complète immobilité. Et cependant les lois de l’état de Buddha ne lui apparaissaient pas encore face à face.

Or, ô Religieux, pendant qu’il était ainsi entré dans la pure essence de l’état de Bôdhi, les Dêvas Trâyastrim̃ças lui préparèrent un grand trône, haut de cent mille Yôdjanas, sur lequel le Bienheureux ne fut pas plutôt assis qu’il parvint à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. À peine le Bienheureux fut-il entré dans la pure essence de l’état de Bôdhi, que les fils des Dêvas nommés Brahmakâyikas firent tomber une pluie divine de fleurs dans une étendue de cent Yôdjanas autour du siége sur lequel il était assis. Ils firent en même temps souffler dans l’air des vents qui enlevaient celles de ces fleurs qui étaient fanées. La pluie de fleurs qui tombait sur le Bienheureux parvenu à la pure essence de l’état de Bôdhi, ils la firent tomber sans aucune interruption ; ils l’en couvrirent ainsi pendant dix moyens Kalpas complets, et la répandirent sur lui jusqu’à ce que vint le moment où il entra dans le Nirvâṇa complet. f. 88 a.Les fils des Dêvas nommés Tchâturmahârâdjakâyikas firent résonner les timbales divines, les frappant sans interruption en l’honneur du Bienheureux qui était entré dans l’intime et suprême essence de l’état de Bôdhi(88 a). Pendant dix moyens Kalpas complets, ils firent retentir sans cesse et ensemble des instruments divins au-dessus de la tête du Bienheureux, jusqu’à ce que vint le moment où il entra dans le grand Nirvâṇa.

Ensuite, ô Religieux, le bienheureux Tathâgata Mahâbhidjñâdjñânâbhibhû, vénérable, etc., parvint au bout de dix moyens Kalpas à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Aussitôt que les seize fils légitimes qu’il avait eus pendant qu’il était Kumâra, et dont l’aîné se nommait Djñânâkara,