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Il y a, en effet, ici une confusion singulière, et qu’on ne débrouillera complètement que quand on aura réuni tous les Itihâsas anciens. Le Dichṭa du Bhâgavata, qui est inconnu à toutes les autres compilations, sauf au Padma, ouvrage de très-peu d’autorité, est père d’un Nâbhâga, lequel ressemble tellement au Nabhaga l’un des fils du Manu, et au Nâbhâga fils de ce Nabhaga même, que le compilateur de notre Purâṇa est obligé au vingt-troisième distique du chapitre qui nous occupe, d’avertir qu’il y a deux Nâbhâgas, le Nâbhâga fils de Dichṭa fils de Manu, et le Nâbhâga fils de Nabhaga fils aussi de ce même Manu. La légende du second Nâbhâga conservée par le Bhâgavata s’accorde assez avec l’Itihâsa de l’Âitarêya Brâhmaṇa relatif à Nâbhânêdichṭha, pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’identité du Nâbhânêdichṭha védique et du Nâbhâga purânique. Il n’en est pas moins vrai que le compilateur du Bhâgavata eût bien fait de nous en avertir, et de plus il fût resté ainsi plus fidèle à la tradition ancienne.

Je ne relèverai pas ici les orthographes diverses de ce nom de Nâbhânêdichṭha, d’après le Mahâbhârata et les autres Purâṇas ; ce travail a été exécuté avec une grande exactitude par M. Wilson dans ses notes sur le Vichṇu Purâna, auxquelles j’ai si souvent renvoyé le lecteur pendant le cours de cette discussion. De toutes les variantes, la plus curieuse à mon avis est celle du Vichṇu Purâṇa, qui place ainsi à côté l’un de l’autre les deux noms, objet d’une telle discordance parmi les mythographes : Nâbhâga, Nédichṭha. Si l’on rapproche de cette leçon des variantes comme celles du Mahâbhârata et d’autres autorités, savoir Nâbhâgârichṭa et Nâbhâgadichṭa, on en verra clairement sortir les deux mots Nâbhâga, plus Dichṭa du Bhâgavata, et Nâbhâga, plus Arichṭa du Kûrma Purâṇa. Mais je ne puis entrer ici au fond de cette question curieuse ; si MM. Wilson et Lassen y ont rencontré des té-