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9. C’est dans la crainte de rester sans roi qu’on a choisi pour chef un homme qui ne méritait pas ce titre ; mais ce choix même a été la cause d’un autre malheur. Comment les cœurs pourraient-ils être heureux aujourd’hui ? C’est ainsi que celui même qui nourrit un serpent avec du lait ne gagne rien à l’avoir élevé.

10. Vêna, parce qu’il est né du sein de Sunîthâ, est déjà naturellement vicieux ; c’est pour cela que chargé de protéger le peuple, il n’a d’autre pensée que de le détruire.

11. Essayons cependant de le calmer, de peur que son péché ne retombe sur nous ; car nous connaissions ses vices quand nous avons fait roi ce méchant prince.

12. Si ce roi injuste ne respecte pas les paroles que nous lui adresserons pour l’apaiser, nous consumerons par notre propre splendeur celui qu’a déjà condamné le mépris du monde.

13. Dans ce dessein, les solitaires, dissimulant leur courroux, se rendirent auprès de Vêna, et lui parlèrent ainsi, cherchant à le calmer par des paroles bienveillantes.

14. Les solitaires dirent : Chef des rois, écoute ce que nous venons te déclarer ; écoute des conseils faits pour accroître la durée de ton existence, ton bonheur, ta force et ta renommée.

15. Le devoir, quand les hommes l’accomplissent de cœur, en pensées, en paroles et en actions, conduit les peuples exempts de chagrin à la béatitude même, qui est le partage des sages affranchis de toute passion.

16. Puisse-t-il ne pas périr parmi tes sujets, à prince, ce signe de la prospérité des peuples ! Quand il est anéanti, un roi descend du rang suprême.

17. Le chef des hommes, ô roi, qui protège son peuple contre de mauvais ministres et contre les brigands, et qui o£Pre le sacrifice selon la loi, est comblé de plaisirs dans ce monde et dans l’autre.

18. Le roi dans l’empire et dans la capitale duquel le peuple, formé de la réunion des classes et des ordres, offre en sacrifice à Bhagavat, au mâle du sacrifice, l’observation des devoirs qui sont imposés à chacun,