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PRÉFACE.

Il ne faudrait cependant pas conclure de ces observations que tout, dans les Purâṇas, doit être contemporain, je ne dirai pas par le style, mais même par les idées, des premiers âges auxquels paraissent nous reporter les remarques précédentes. Le savant qui, par l’abondance des matériaux qu’il a rassemblés ainsi que par l’étendue de ses lectures, a plus de droit que personne d’avancer une opinion sur ce sujet, M.  Wilson, a plusieurs fois répété que les Purâṇas, sous leur forme actuelle, appartiennent à des époques très-diverses, et que si d’un côté ils renferment des documents d’une antiquité incontestable, ils n’en portent pas moins manifestement l’empreinte de remaniements dont l’influence des sectes modernes a été la principale cause[1]. Mais

  1. Voyez les excellentes observations de M.  Wilson dans le Journal of the Asiatic Society of Bengal, t. I, p. 536 et 537. Voyez encore Sketch of the relig. Sects, dans Asiat. Res. t. XVI, pag. 3, et pag. 8, note. Dans le Mémoire que je viens de citer, M.  Wilson va jusqu’à dire que s’il est probable que plusieurs des parties que renferment les Purâṇas remontent à une haute antiquité, diverses portions de plusieurs de ces livres, sinon de tous, sont certainement postérieures au xiie siècle de notre ère. (Asiat. Res., t. XVII, p. 217.) Quoique ces assertions aient besoin de preuves plus détaillées et plus directes que celles que M.  Wilson en a données jusqu’ici, je n’hésite pas à croire qu’elles reposent, aux yeux de ce savant, sur un examen approfondi des Purâṇas. Ainsi l’analyse qu’il a déjà faite de quelques Purâṇas, tels que le Pâdma et le Brâhma, me semble fournir des arguments d’une grande valeur à l’appui de son opinion. Il a, par exemple, établi d’une manière positive que le Brâhma Purâṇa, c’est-à-dire l’ouvrage qui est connu sous ce titre, est plutôt une légende locale, ou ce qu’on appelle un Mâhâtmya, qu’un Purâṇa proprement dit ; et il a donné une grande vraisemblance à l’opinion que cet ouvrage doit avoir été rédigé dans le cours du xiiie ou du XIVe siècle de notre ère. (Essays on the Purâṇ. dans Journ. of the Roy. As. Society, tom. V, pag. 70 et 71.) Je n’ignore pas que M.  Vans Kennedy a plusieurs fois combattu cette idée, que les Purânas soient, en tout ou en partie, des ouvrages modernes ; et que ne voyant nulle part de preuve en faveur de cette opinion, si ce n’est dans les ouvrages manifestement systématiques de Bentley, il a toujours eu de la peine à découvrir sur quel fondement elle repose. (Res. into the nat. of anc. and Hind. Mythology, p. 153.) M.  Vans Kennedy pense même qu’il ne paraît pas exister la moindre différence entre les descriptions de la religion indienne que donnent les Vêdas, et celles qu’on trouve dans les Purâṇas, si ce n’est que dans les premiers de ces livres, on ne fait que de simples allusions aux circonstances qui sont développées avec plus