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sein desquels cependant tu habites, mais qui restent dans la demeure misérable quoique ornée de leur corps, enchaînés avec une ténacité invincible au moi et au mien, puissions-nous, ô Bhagavat, lui adresser notre culte !

44. Mais ceux, ô souverain Seigneur, dont le cœur est entraîné par le mouvement désordonné des sens, ils ne voient pas, ô toi dont la gloire est chantée au loin, non, ils ne voient pas les hommes sur lesquels les grâces de ta démarche répandent leur charme,

45. Ces hommes qui, purifiés par la dévotion toujours croissante qu’ils ont puisée en buvant le nectar de tes histoires, ô Dieu suprême, ont acquis la science dont l’essence même est le renoncement absolu, de manière qu’ils sont parvenus aussitôt au séjour suprême de l’Être dont l’intelligence ne s’endort jamais.

46. [Ils ne voient pas non plus] ces sages pleins de constance, qui triomphant de la nature indomptable par la force de leur application à la contemplation de l’Esprit, se réunissent à toi qui es Purucha ; lutte pénible dont les fatigues ne sont pas pour ceux qui te rendent un culte !

47. Quant à nous, qui t’appartenons, nous que, dans le désir de former les mondes, tu as aujourd’hui créés successivement des trois qualités qui font notre nature, isolés comme nous le sommes tous, il nous est impossible de te livrer l’instrument de tes jeux.

48. Nous ne savons, ô Dieu incréé, comment te présenter dans le temps convenable une offrande suffisante ; nous ne savons comment ni où trouver notre nourriture, et nous ignorons comment ces créatures pourront sans obstacles te présenter l’offrande ainsi qu’à nous, et trouver leur nourriture.

49. Tu es le premier d’entre nous qui sommes les Suras et à qui sont départies des fonctions diverses, parce que tu es l’immuable, l’antique Purucha ; c’est toi. Être divin, qui, incréé, as déposé dans ton énergie incréée, matrice des qualités et des actions, ta semence qui est l’Intelligence.

50. Quelle est donc, Esprit suprême, cette œuvre qu’avec [le principe de l’Intelligence], notre chef, nous devons faire pour toi, puisque