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[de la Nature] dont l’intelligence est une portion, naquit, quoique incréé, en ce monde comme le feu [qui paraît dans divers corps],

16. Ce qui me trouble, c’est la naissance apparente de l’Être incréé dans la maison de Vasudêva ; c’est qu’il ait habité le pays de Vradja ; c’est qu’il ait, avec sa puissance infinie, abandonné sa capitale, fuyant, comme s’il était effrayé, devant ses ennemis.

17. Ce qui trouble mon intelligence, c’est le souvenir des paroles qu’il prononça lorsqu’il adorait les pieds de ses parents : Ô mon père ! ô ma mère ! [disait-il,] pardonnez-nous si, profondément troublés par la crainte de Kam̃sa, nous ne vous avons pas rendu les hommages que nous vous devions.

18. Quel est l’homme qui, ayant respiré la poussière du lotus des pieds de ce Dieu, serait capable d’oublier jamais l’Être qui, avec ses sourcils qu’il agitait comme un rameau, balaya, semblable au Dieu de la mort, le fardeau qui pesait sur la terre ?

19. Tu as été témoin, pendant le sacrifice royal, du bonheur du chef de Tchêdi, qui jetait cependant l’ennemi de Krǐchṇa, de ce bonheur où les Yôgins ambitionnent d’atteindre par la pratique accomplie du Yoga : qui donc pourrait supporter l’absence d’un Dieu [dont la présence donne ainsi la béatitude] ?

20. C’est ainsi que, dans le monde des hommes, d’autres guerriers dont les regards s’abreuvaient, pendant le combat, au lotus de la face de Krǐchṇa qui enchante la vue, purifiés par l’atteinte des flèches de Pârtha, obtinrent la faveur de se réunir à lui.

21. Qu’un Être qui, loin d’être surpassé, n’a pas même d’égal ; qui est le souverain Maître des trois qualités ; qui trouve dans sa propre splendeur et dans sa perfection la satisfaction de tous ses désirs ; qui a vu son piédestal salué par les mille aigrettes des rois qui depuis longtemps enlevaient le tribut [de la terre],

22. Qu’un tel Être se soit abaissé devant Ugrasêna, lorsque, restant debout lui-même, il fit asseoir le vieillard sur le trône souverain, en lui disant : « Conserve-le, seigneur ! » voilà, ami, ce que moi son serviteur j’ai de la peine à comprendre !

25. Ah ! qu’il est miséricordieux celui qui, lorsque la monstrueuse