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DU BUDDHISME INDIEN.

ce précieux Sûtra. Çâkyamuni, qui raconte cette histoire, s’en fait l’application à lui-même, et apprend à ses Auditeurs que c’est lui qui était jadis le roi Susam̃bhava, et qu’Akchôbhya, l’un des Buddhas célestes, était le Religieux qui exposa au roi le Sûtra. Le chapitre quinze est consacré au développement que Çâkya fait en vers de cette idée, qu’on rend un culte à tous les Buddhas passés, présents et futurs en exposant le Suvarṇa prabhâsa. On apprend que le Bôdhisattva Rutchira kêtu sera dans l’avenir un Tathâgata nommé Suvarṇa ratnâkara tchhatra kêtu.

Ce chapitre renferme encore des prédictions pareilles pour un grand nombre d’autres personnages, et notamment pour les dix mille fils des Dêvas qui font partie de l’Assemblée. Bhagavat, auquel une des Divinités présentes, nommée Bôdhisattva Samutchtchayâ, demande ce qui peut valoir à ces Dieux un tel bonheur, répond que ce sont les mérites qu’ils ont accumulés en écoutant la Loi, et raconte dans le chapitre seize que sous l’ancien Buddha Ratna çikhin, il y eut un roi nomme Surêçvara, qui était éminent par sa justice. Il avait un habile médecin nommé Djâtim̃dhara, auquel naquit un fils nommé Djala vâhana, qui était comblé de toutes les perfections physiques et morales. Des maladies terribles vinrent fondre sur le royaume et frappèrent un nombre immense d’habitants. Touché de compassion, le fils du médecin se dit en lui-même : Voilà une grande foule de peuple malade, et mon père est bien vieux, et il ne peut les sauver tous. Si j’allais demander à mon père de me communiquer ses connaissances en médecine ? Il exécuta son projet et fit sa demande en vers. Son père lui communiqua divers principes de médecine, fondés sur la distinction des six saisons, dans lesquelles se divisent les douze mois de l’année. Ces principes reviennent à peu près tous à la nécessité de varier la nourriture et les médicaments de l’homme selon les saisons. Djala vâhana, suffisamment instruit, parvient à guérir tous les malades du royaume.

Dans le dix-septième chapitre, on apprend que Djala vâhana eut de sa femme deux fils, nommés l’un Djalâmbara, et l’autre Djalagarbha. Un jour Djala vâhana, se trouvant dans une forêt, aperçut une foule d’animaux sauvages et d’oiseaux qui couraient tous vers un étang situé au milieu du bois. Il s’en demanda la cause à lui-même et résolut de l’éclaircir. Il parvint, après une longue marche, sur les bords de l’étang, et y vit une grande quantité de poissons qui manquaient d’eau. Ce spectacle l’émut de pitié, et aussitôt des Divinités apparurent à ses yeux et lui dirent : Bien, bien, fils de famille, tu te nommes Djala vâhana (celui qui apporte de l’eau) ; donne de l’eau à ces poissons ; agis conformément au sens de ton nom. Le médecin se mit en devoir de chercher de l’eau, mais il n’en trouva nulle part. Enfin il imagine de dépouiller un