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DU BUDDHISME INDIEN.

Quoi qu’il en soit, et jusqu’à ce que les secours dont je parlais tout à l’heure soient réunis, nous possédons probablement dans la collection actuelle du Népâl, telle que l’a rassemblée M. Hodgson, les ouvrages sur lesquels s’est élevé le vaste édifice de ces développements dont les observations précédentes ont fait pressentir l’étendue. Je trouve déjà plusieurs confirmations curieuses des données réunies par Csoma touchant les quatre sectes que j’ai tant de fois citées. Ce n’est cependant pas ici le lieu de montrer tout ce que renferme d’intéressant pour l’histoire primitive du Buddhisme l’exposé des sectes anciennes que Csoma de Cörös a emprunté aux auteurs tibétains ; cet exposé, que j’ai reproduit plus haut, sera examiné ailleurs avec l’attention qu’il mérite. Je note seulement ici, parce que c’est un renseignement qui jette du jour sur un des plus volumineux ouvrages de la collection népâlaise, que l’école dirigée par Kâçyapa se nommait La grande Assemblée. Or je trouve parmi les livres découverts au Népâl par M. Hodgson un traité qui appartient manifestement à cette école ; c’est le Mahâvasin ou La grande histoire, volumineux recueil de légendes relatives à la vie religieuse de Çâkya. En effet, une portion considérable de ce volume porte ce titre : Ârya mahâsâm̃ghikânâm lôkôttara vâdinâm pâṭhêna, ce qui signifie : « selon la leçon des Lôkôttara vâdins (ceux qui se prétendent supérieurs au monde), faisant partie des vénérables de la Grande Assemblée. » Il n’est pas douteux que les Mahâ sâm̃ghikas ou vénérables de la grande Assemblée ne soient les Religieux qui reconnaissaient pour chef Kâçyapa ; et il ne l’est pas davantage que les Lôkôttara vâdins ne forment la quatrième des subdivisions de cette école. Et ce qui est bien digne d’attention, c’est que ce volume est écrit en un sanscrit mélangé de formes pâlies et prâcrites, qui est souvent obscur. Je ne veux pas dire que ce soit là le dialecte corrompu dont les Tibétains prétendent que se servait Kâçyapa, encore moins que le Mahâvastu ait été rédigé tel que nous l’avons, dès les premiers temps du Buddhisme. Mais en supposant que le style de ce recueil ait été remanié, je n’en regarde pas moins ce livre comme une des compilations les plus anciennes que nous ait conservées la collection du Népâl ; et l’indication seule qui est contenue dans ce titre, « La leçon des Mahâ sâm̃ghikas, » rapprochée de la tradition tibétaine relative au nom des disciples de Kâçyapa, lui assure à mes yeux une grande valeur et une incontestable antiquité.

Cette opinion me paraît encore confirmée par le témoignage de Fa hian touchant les Mo ho seng tchi, Religieux qui étaient établis à Djêtavana dans le Kôçala. Fa hian nous apprend que les opinions de ces Religieux étaient celles auxquelles se rattachait le plus grand nombre des disciples du Buddha, pendant qu’il était dans le monde, et il cite en particulier un A pi than ou Abhidharma,