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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

quelques années, à d’anciens commentateurs brâhmaniques, et avec ceux que Csoma de Cörös a trouvés dans les auteurs tibétains. Il n’est pas moins digne d’attention de voir ces renseignements sinon oubliés, du moins omis par la tradition népâlaise. Enfin il est singulier qu’au silence des Népâlais sur les quatre grandes sectes que je viens d’énumérer d’après l’Abhidharma kôça et d’après les commentateurs sanscrits extraits par Colebrooke, réponde le silence que garde l’Abhidharma même sur les quatre sectes népâlaises des Svâbhâvikas, des Âiçvarikas, des Yâtnikas et des Kârmikas.

Je dirai dans la section de ce Mémoire consacrée aux ouvrages portant des noms d’auteurs, et surtout dans l’esquisse historique du Buddhisme, quelles conséquences me paraissent résulter de ce silence. Qu’il me suffise, pour le moment, de résumer en peu de mots les résultats du double exposé que je viens de faire : 1° d’après M. Hodgson, qui nous apprend l’existence de deux grandes sectes, celle des naturalistes et celle des théistes, dont l’une est antérieure à l’autre, et de deux sectes secondaires, celle des moralistes et celle des spiritualistes, se rattachant plus intimement à celle des théistes ; 2° d’après l’Abhidharma kôça, qui nous indique quatre sectes, celle des Sâutrântikas, des Vâibhâchikas, des Yôgâtchâras et des Madhyamikas. Cet exposé résume sous une forme très-générale, je l’avoue, tout ce que nous savons jusqu’à présent des divisions les plus importantes de la métaphysique des Bâuddhas. Il se partage naturellement en deux portions : l’une qui tire son autorité de la tradition encore subsistante au Népâl, c’est celle dont M. Hodgson nous a fourni les éléments ; l’autre qui repose sur le témoignage de l’Abhidharma kôça, c’est celle que j’ai extraite de ce livre même. Ces deux portions représentent très-probablement l’ensemble des phases diverses par lesquelles est passé le Buddhisme. Déterminer jusqu’à quel point les quatre sectes énumérées par M. Hodgson rentrent dans celles que cite l’Abhidharma kôça, ou montrer que ce sont des sectes tout à fait différentes qui se sont partagé plus tard l’héritage des croyances primitives, c’est une œuvre pour laquelle nous avons besoin de nouveaux secours. Remarquons toutefois que les quatre sectes népâlaises de M. Hodgson n’existent pas, suivant Csoma, dans les livres tibétains, ou pour parler avec plus de précision, ne reposent pas sur des autorités écrites admises dans la volumineuse collection du Kah-gyur[1]. C’est, ce me semble, une présomption en faveur de la dernière hypothèse, de celle qui regarde les quatre sectes des Svâbhâvikas, des Âiçvarikas, des Kârmikas et des Yâtnikas comme plus modernes, au moins de nom, que celles de l’Abhidharma kôça et des auteurs tibétains.

  1. Notices of diff. Systems of Buddhism, dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 146.