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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

faire boire du lait, deux pour le nettoyer, et deux pour jouer avec lui. Un jour qu’il était paré de tous ses ornements, le roi le tenant entre ses bras, se mit à le regarder à plusieurs reprises ; et ravi de la perfection de sa beauté, il s’écria : Non, je n’ai pas un fils qui l’égale en beauté !

Or en ce temps-là vivait dans la province de Gandhâra un homme qui se nommait Puchpa bhêrôtsa. Il arriva qu’il naquit à un certain maître de maison un fils dont la beauté surpassait celle des hommes, mais n’égalait pas celle des Dieux. À sa naissance parut un étang construit en pierres précieuses et plein d’une eau divine de senteur, ainsi qu’un grand jardin rempli de fleurs et de fruits, qui marchaient. En quelque lieu que l’enfant portât ses pas, là paraissaient l’étang et le jardin. C’est pourquoi on lui donna le nom de Sundara (le beau). Avec le temps Sundara grandit.

À quelque temps de là, Puchpa bhêrôtsa se rendit avec des marchands pour une certaine affaire dans la ville de Pâṭaliputtra. Prenant avec lui un présent destiné au roi, il se fit introduire en sa présence ; puis s’étant prosterné à ses pieds, il lui offrit son présent et se tint debout devant lui. Le roi fit voir aux marchands son fils Kunâla. Marchands, leur dit-il, avez-vous jamais vu, dans les pays que vous avez visités, un enfant doué d’une beauté si parfaite ? Les marchands réunissant leurs mains en signe de respect, se prosternèrent aux pieds du roi ; et après avoir obtenu l’assurance qu’ils pouvaient parler sans crainte, ils lui firent cette réponse : Il y a dans notre pays, ô roi, un jeune homme nommé Sundara, dont la beauté surpasse celle de l’homme, mais n’égale pas celle des Dieux. À sa naissance il a paru un étang construit en pierres précieuses et plein d’une eau divine de senteur, ainsi qu’un grand jardin, rempli de fleurs et de fruits, qui marchent. En quelque lieu que ce jeune homme porte ses pas, là paraissent l’étang et le jardin.

En entendant ces paroles, le roi fut frappé d’un étonnement extrême ; et plein de curiosité, il envoya un messager à Sundara pour lui donner l’avis suivant : Le roi Açôka désire venir pour voir le jeune Sundara ; exécutez ce que vous avez à faire ou à préparer. Mais la grande foule du peuple, effrayée, fit cette réflexion : Si le roi vient ici avec un nombreux cortége de troupes, il pourra en résulter de grands désastres. C’est pourquoi Sundara ayant fait atteler un bon char, et s’étant muni d’un collier fait de mille perles pour le donner en présent au roi, fut envoyé auprès d’Açôka. Arrivé au terme de son voyage, il parvint à la ville de Pâṭaliputtra ; et prenant le collier fait de mille perles, il se rendit auprès du roi Açôka. Celui-ci n’eut pas plutôt vu la beauté, l’éclat, la splendeur et la perfection du jeune Sundara, ainsi que l’étang divin et le jardin, qu’il fut saisi d’un étonnement extrême.