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DU BUDDHISME INDIEN.

nivâsin fit alors la réflexion suivante : La loi de Bhagavat va périr ; et moi, qui en observe les préceptes, je suis incapable de faire du mal à qui que ce soit. La fille de cette Divinité était demandée par Krĭmisêna ; mais le père ne voulait pas la donner à ce Yakcha, et il lui répondait : Tu es un pécheur. Dam̃chṭrâ nivâsin consentit cependant à la donner à Krĭmisêna qui la demandait, à condition qu’il protégerait la Loi de Bhagavat. Le roi Puchpamitra était constamment suivi par un grand Yakcha[1] qui avait mission de le défendre et de le protéger, et c’était la puissance de ce Yakcha qui rendait le roi invincible. Le Yakcha Dam̃chṭrâ nivâsin s’étant emparé de ce gardien qui n’abandonnait pas le roi, partit pour un pèlerinage dans les montagnes. Cependant Puchpamitra dirigea sa marche vers le grand Océan méridional. Alors le Yakcha Krĭmisêna ayant roulé une grande montagne, emprisonna Puchpamitra, ainsi que ses soldats et ses chars. On donna dès lors au roi le nom de Munihala (celui qui a mis à mort les solitaires). À la mort du roi Puchpamitra, la famille des Mâuryas fut éteinte. »

Avant de signaler au lecteur les principaux points de cette légende qui méritent en ce moment son attention, je crois nécessaire d’y joindre un autre fragment extrait de l’Avadâna çataka. Je l’emprunte à une légende intitulée le Concile. On verra bientôt pourquoi ce texte a besoin d’être rapproché du précédent.

Deux cents ans après que le bienheureux Buddha fut entré dans le Nirvâṇa complet, régnait dans la ville de Pâṭaliputtra un roi nommé Açôka. Son royaume était riche, florissant, prospère, fertile, peuplé, abondant en hommes ; on n’y voyait ni disputes, ni querelles ; les attaques, les invasions et les brigandages des voleurs y étaient inconnus ; la terre y était couverte de riz, de cannes à sucre et de vaches. Ce monarque juste, roi de la Loi, gouvernait suivant la Loi son royaume. Un jour qu’il se divertissait avec la reine, qu’avec elle il se livrait au plaisir et à la volupté, elle devint enceinte. Au bout de huit ou neuf mois elle accoucha et mit au monde un fils beau, agréable à voir, gracieux, ayant des yeux semblables à ceux de l’oiseau Kunâla. Dès qu’il fut né, on célébra la fête de sa naissance, et on s’occupa de lui donner un nom. Quel nom aura cet enfant ? se dirent les parents entre eux. Puisqu’au moment de sa naissance ses yeux ont ressemblé à ceux de l’oiseau Kunâla, son nom sera Kunâla. Le jeune enfant fut confié aux soins de huit nourrices : deux pour lui donner le sein, deux pour lui

    nom qui signifie « celui qui habite près de la dent, » et si on se souvient qu’une des dents du Buddha, celle qui passe pour avoir été transportée plus tard à Ceylan, était conservée dans le Kalinga ou l’Orixa moderne, peut-être sera-t-il permis de conjecturer que Kôchṭhaka est un des anciens noms de la moderne ville de Kattak. (Csoma, Life of Shakya, dans Asiat. Res., t. XX, p. 317. Turnour, Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 860 sqq. ; t. VII, p. 1014.)

  1. Après les mots Yakchô mahân, on lit dans nos deux manuscrits pramâṇe yûyam, dont je ne puis rien faire ; faut-il lire mahâpramâṇô ’bhavat ?