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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


Çâriputtra l’a fait tourner aussi à son exemple. Quel homme, autre que le Buddha, pourrait en ce monde connaître et exposer, sans en rien omettre, le trésor et la foule des qualités du fils de Çâradvatî ?

Alors le roi satisfait, après avoir donné cent mille [Suvarṇas] pour le Stûpa du fils de Çâradvati le Sthavira, s’écria les mains réunies en signe de respect : J’honore avec une dévotion profonde le fils de Çâradvati, qui est affranchi des liens de l’existence, dont la gloire éclaire le monde, de ce héros, le premier de ceux qui possèdent la sagesse.

Le Sthavira Upagupta, montrant ensuite le Stupa du Sthavira Mahâ Mâudgalyâyana, s’exprima ainsi : Voici, ô grand roi, le Stûpa du grand Mâudgalyâyana ; tu peux l’honorer. Quels furent, dit le roi, les mérites de ce sage ? Il a été désigné par Bhagavat, reprit le Sthavira, comme le premier de ceux qui possèdent une puissance surnaturelle, parce qu’avec le pouce de son pied droit il a ébranlé Vâidjayanta, le palais de Çakra, l’Indra des Dêvas ; c’est lui qui a converti Nanda et Upananda, les deux rois des Nâgas[1]. Et il prononça cette stance :

Il faut l’honorer de tout son pouvoir, Kôlita[2], le premier des Brâhmanes, qui du pouce de son pied droit a ébranlé le palais d’Indra. Qui pourrait, en ce monde, franchir l’océan des qualités de ce sage à l’intelligence parfaite, qui a dompté les souverains des serpents, ces êtres redoutables et si difficiles à soumettre ?

Le roi ayant donné cent mille [Suvarnas] pour le Stûpa de Mahâ Mâudgalyâyana, s’écria les mains réunies en signe de respect : J’honore, en inclinant la tête, le célèbre Mâudgalyâyana, le premier des sages doués d’une puissance surnaturelle, qui s’est affranchi de la naissance, de la vieillesse, du chagrin et de la douleur.

Le Sthavira Upagupta montra ensuite au roi le Stûpa du Sthavira Mâha Kâçyapa, en lui disant : Honore-le. Quels furent, reprit le roi, les mérites de ce sage ? Ce sage magnanime, ô grand roi, a été désigné par Bhagavat comme le premier de ceux qui ont peu de désirs, qui sont satisfaits, qui ont triomphé de ceux qui parlent des qualités ; Bhagavat l’a invité à partager son siége ; couvert d’un vêtement de couleur blanche, compatissant pour les pauvres et les malheureux, il a conservé le dépôt de la Loi. Et il prononça cette stance :

  1. Les Chinois disent aussi que Mâudgalyâyana est celui des disciples de Çâkya qui s’était acquis la plus grande puissance surnaturelle. (A. Rémusat, Foe koue ki, p. 32.)
  2. Csoma nous apprend, dans son analyse du Dul-va, que Kôlita, qui était un autre nom de Mâudgalyâyana, signifie « né dans le giron. » (Asiat. Res., t. XX, p. 49.) Klaproth a commis une légère inexactitude en transcrivant ce dernier nom par Kâlitha ; mais il en a bien reconnu le sens d’après les Tibétains, les Mongols et les Mandchous. (Foe koue ki, p. 68, note a.) Son erreur vient en partie du Vocabulaire pentaglotte, qui écrit ce nom Kâlitaḥ. (Sect. xxi, n° 3.)