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DU BOUDDHISME INDIEN.

en ces termes : Le premier de mes Religieux qui ont en moi foi et confiance[1], c’est le Religieux Vakkalin.

« Ensuite Bhagavat environné de ses mille Religieux atteignit la ville de Sûrpâraka, en faisant des prodiges de diverses espèces. Cette réflexion lui vint alors à l’esprit : Si j’entre par une porte, les autres penseront différemment [de celui que j’aurai préféré] ; pourquoi n’entrerais-je pas d’une manière miraculeuse ? Aussitôt s’élevant en l’air au moyen de sa puissance surnaturelle, il descendit du ciel au milieu de la ville de Sûrpâraka. Alors le roi, chef de la ville, le respectable Purṇa, Dârukarṇin, ses deux frères, et les dix-sept fils du roi, chacun avec leur suite, se rendirent au lieu où se trouvait Bhagavat, ainsi que plusieurs centaines de mille de créatures. Ensuite Bhagavat, escorté de nombreuses centaines de mille d’être vivants, se dirigea vers l’endroit où avait été élevé le palais orné de guirlandes de santal ; et quand il y fut arrivé, il s’assit en face de l’Assemblée des Religieux, sur le siége qui lui était destiné ; mais la foule immense du peuple, qui ne pouvait voir Bhagavat, essaya de renverser le palais orné de santal. Bhagavat fit alors cette réflexion : Si le palais est détruit, ceux qui l’ont donné verront périr leur bonne œuvre ; pourquoi ne le transformerais-je pas en un palais de cristal de roche ? Bhagavat en conséquence en fit un palais de cristal[2]. Alors connaissant l’esprit, les dispositions, le caractère et le naturel de cette assemblée, Bhagavat exposa l’enseignement de la Loi ; de telle sorte qu’après l’avoir entendu, plusieurs centaines de mille d’être vivants comprirent la grande distinction ; il y en eut qui produisirent des racines de vertu, faites pour devenir chez les uns des parties de l’affranchissement, chez les autres des parties de la science, qui distingue clairement. Ceux-ci virent face à face la récompense de l’état de Çrôta âpatti, ou de Sakrĭd âgâmin, ou d’Anâgâmin ; ceux-là parvinrent à l’état d’Arhat par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal. Il y en eut qui comprirent ce que c’est que l’Intelligence des Çrâvakas, ou celle des Pratyêka Buddhas, ou celle d’un Buddha parfaitement accompli. Enfin cette réunion d’hommes tout entière fut absorbée dans le Buddha, plongée dans la Loi, entraînée dans l’Assemblée.

« Ensuite Dârukarṇin et ses deux frères ayant préparé d’une manière pure des aliments et des mets agréables, et ayant disposé des siéges[3], annoncèrent par un message à Bhagavat le moment [du repas]. Voici l’heure [de midi],

  1. La version tibétaine traduit : « qui sont complètement affranchis par la foi, » çraddhâ vimukta ; mais nos deux manuscrits lisent çraddhâdhimukta : or adhimukti est ordinairement traduit en tibétain par inclination, confiance.
  2. La version tibétaine ajoute : « pour que la foule du peuple pût voir clairement le corps du Buddha. »
  3. La version tibétaine ajoute : « ayant placé un vase à eau fait d’une pierre précieuse. »