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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

de pierres, que penseras-tu de cela ? — Si les hommes du Çrôṇâparânta, ô seigneur, me frappent de la main ou à coups de pierres, voici ce que je penserai de cela : Ce sont certainement des hommes bons que les Çrôṇâparântakas, ce sont des hommes doux, eux qui me frappent de la main ou à coups de pierres, mais qui ne me frappent ni du bâton ni de l’épée. — Ils sont violents, ô Pûrṇa, les hommes du Çrôṇâparânta, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] ils sont insolents. Si les hommes du Çrôṇâparânta te frappent du bâton ou de l’épée, que penseras-tu de cela ? — Si les hommes du Çrôṇâparânta, ô seigneur, me frappent du bâton ou de l’épée, voici ce que je penserai de cela : Ce sont certainement des hommes bons que les Çrôṇâparântakas, ce sont des hommes doux, eux qui me frappent du bâton ou de l’épée, mais qui ne me privent pas complètement de la vie. — Ils sont violents, ô Pûrṇa, les hommes du Çrôṇâparânta, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] ils sont insolents. Si les hommes du Çrôṇâparânta te privent complètement de la vie, que penseras-tu de cela ? — Si les hommes du Çrôṇâparânta, ô seigneur, me privent complètement de la vie, voici ce que je penserai de cela. Il y a des Auditeurs de Bhagavat qui, à cause de ce corps rempli d’ordures, sont tourmentés, couverts de confusion, méprisés, frappés à coups d’épée, qui prennent du poison, qui meurent du supplice de la corde, qui sont jetés dans des précipices. Ce sont certainement des hommes bons que les Çrôṇâparântakas, ce sont des hommes doux, eux qui me délivrent avec si peu de douleurs de ce corps rempli d’ordures. — Bien, bien, Pûrṇa ; tu peux, avec la perfection de patience dont tu es doué, oui, tu peux habiter, fixer ton séjour dans le pays des Çrôṇâparântakas. Va, Pûrṇa ; délivré, délivre ; arrivé à l’autre rive, fais-y arriver les autres ; consolé, console ; parvenu au Nirvâṇa complet, fais-y arriver les autres.

Ensuite le respectable Pûrṇa, ayant accueilli avec assentiment et plaisir les paroles de Bhagavat, salua ses pieds en les touchant de la tête, et quitta le lieu où il se trouvait ; puis quand la nuit fut à sa fin, Pûrṇa s’étant habillé au commencement du jour et ayant pris son vase et son manteau, entra dans Çravastî pour recueillir des aumônes. Quand il eut parcouru Çravastî dans ce dessein, il fit son repas ; puis ensuite il cessa de manger et de recueillir des aumônes dans son vase. Ayant alors rangé ce qu’il possédait, son lit et son siége, et ayant pris son vase à aumônes avec son vêtement, il se dirigea vers le pays des Çrôṇâparântakas et finit par y arriver. S’étant habillé au commencement du jour, et ayant pris son vase, il entra dans Çrôṇâparânta pour recueillir des aumônes.

Or un chasseur tenant son arc à la main sortait en ce moment pour aller chasser l’antilope. Il vit Pûrṇa et fit cette réflexion : C’est un objet de mauvais