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DU BUDDHISME INDIEN.


passager, cela est misère, cela est vide ; et ils font entendre ces deux stances :

Commencez, sortez [de la maison] ; appliquez-vous à la loi du Buddha ; anéantissez l’armée de la mort, comme un éléphant renverse une hutte de roseaux.

Celui qui marchera sans distraction sous la discipline de cette loi, échappant à la naissance et à la révolution du monde, mettra un terme à la douleur.

Ensuite ces rayons, après avoir enveloppé l’univers formé du grand millier des trois mille mondes, reviennent derrière Bhagavat. Si le Buddha désire expliquer une action accomplie dans un temps passé, les rayons viennent disparaître dans son dos. Si c’est une action future qu’il veut prédire, ils disparaissent dans sa poitrine. S’il veut prédire une naissance dans l’Enfer, ils disparaissent sous la plante de ses pieds ; si c’est une naissance parmi les animaux, ils disparaissent dans son talon ; si c’est une naissance parmi les Prêtas (les âmes des morts), ils disparaissent dans le pouce de son pied ; si c’est une naissance parmi les hommes, ils disparaissent dans son genou ; s’il veut prédire une royauté de Balatchakravartin, ils disparaissent dans la paume de sa main gauche ; si c’est une royauté de Tchakravartin, ils disparaissent dans la paume de sa main droite ; si c’est une naissance parmi les Dêvas, ils disparaissent dans son nombril. S’il veut prédire à quelqu’un qu’il aura l’Intelligence d’un Çrâvaka, ils disparaissent dans sa bouche ; si c’est l’Intelligence d’un Pratyêka Buddha, ils disparaissent dans ses oreilles ; si c’est la science suprême d’un Buddha parfaitement accompli, ils disparaissent dans la protubérance qui couronne sa tête.

Or les rayons [qui venaient d’apparaître], après avoir fait trois fois le tour de Bhagavat, disparurent dans la protubérance qui couronne sa tête. Alors le respectable Ânanda réunissant les mains en signe de respect, parla ainsi à Bhagavat :

Une masse de rayons variés, mélangés de mille couleurs, vient de sortir de la bouche de Bhagavat, et elle a éclairé complètement tous les points de l’espace, comme ferait le soleil à son lever.

Puis il ajouta les stances suivantes :

Non, ce n’est pas sans motif que les Djinas, qui ont triomphé de l’ennemi, qui sont exempts de légèreté, qui ont renoncé à l’orgueil et au découragement, et qui sont la cause du bonheur du monde, laissent voir un sourire semblable aux filaments jaunes du lotus.

Ô héros ! ô loi qui avec ton intelligence connais le moment convenable,