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DU BUDDHISME INDIEN.

tage ; par la mère de Rĭddhila[1], dévote qui servait une Çramanâ ; par Tchunda, le serviteur d’un Çramaṇa, et par la Religieuse Utpalavarṇâ[2].

« Ensuite le respectable Mahâ Mâudgalyâyana[3] s’étant levé de son siége, ayant rejeté sur une épaule son vêtement supérieur, et posé à terre son genou droit, dirigea vers Bhagavat ses mains réunies en signe de respect, et lui parla ainsi : Que Bhagavat modère son ardeur ; je lutterai avec les Tîrthyas dans l’art d’opérer, au moyen d’une puissance surnaturelle, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire ; je confondrai les Tîrthyas par la loi ; je satisferai les Dêvas et les hommes ; je comblerai de joie les cœurs et les âmes des gens de

    jaune et leur ordonne de se vêtir d’étoffes blanches. (Turnour, Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 737. Upham, The Mahâvansa, etc., t. II, p. 91.) M. G. de Humboldt avait déjà fait la même remarque à l’occasion de quelques monuments du Buddhisme javanais ; et il avait très-judicieusement conjecturé que le blanc devait être la couleur des laïques, par opposition à la couleur jaune, qui est celle des Religieux. (Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 250.)

  1. Je n’ai pas rencontré ce nom ailleurs ; mes deux manuscrits sont si fautifs, que je serais tenté de supposer que Rĭddhila est une orthographe vicieuse de Râhula, le fils de Yaçôdharâ. On sait en effet que ce fut une des premières femmes qui embrassèrent la vie religieuse. (Asiat. Res., t. XX, p. 308, note 21.) Je n’ai cependant pas cru devoir changer le texte.
  2. Ce nom signifie : « Celle qui a la couleur du lotus bleu. » C’est probablement la même que la Religieuse dont parle Fa hian, et qu’il nomme Yeou pho lo. M. A. Rémusat avait bien reconnu dans cette transcription le sanscrit utpala. (Foe koue ki, p. 124 et 131.) Le recueil publié récemment par M. Schmidt renferme une curieuse légende sur cette Religieuse. (Der Weise und der Thor, p. 206 sqq.) Il semblerait, d’après une note de Csoma (Asiat. Res., t. XX, p. 308, note 21), qu’Utpalavarṇa, avant d’être Religieuse, avait été la troisième femme de Çâkyamuni. Mais dans un autre endroit de la Vie de Çâkya, Csoma désigne sa troisième épouse par un nom tibétain qui signifie : « Née de la gazelle. » (ibid., p. 290.) Les Singhalais connaissent également cette Religieuse, et le Dîpavam̃sa en cite deux de ce nom parmi les femmes qui se convertirent les premières au Buddhisme. (Turnour, Journ. Asiat. Soc. of Beng., t. VII, p. 933.) Une de ces deux femmes peut avoir été l’épouse de Çâkya, quand il n’avait pas encore quitté le monde.
  3. Ce Religieux est, avec Çâriputtra, le premier des disciples de Çâkyamuni. J’écris son nom Mâudgalyâyana, contrairement à l’autorité de la version tibétaine du Saddharma puṇḍarîka, qui lit ce mot avec un nga au lieu d’un dga, et contrairement aussi à l’opinion de Csoma, qui croit, je ne sais sur quel fondement, que ce terme signifie le Mongol, faisant ainsi remonter l’existence de ce nom de peuple jusqu’au vie siècle au moins avant notre ère. (Asiat. Researches, t. XX, p. 49.) Lassen a déjà suffisamment fait justice de cette singulière hypothèse. (Zeitschrift für die Kunde des Morgenland., t. III, p. 158.) L’autorité de la version tibétaine du Saddharma et l’opinion de Csoma de Cörös sont déjà contredites par ce seul fait, que dans la version tibétaine du Vinaya vastu, je trouve ce nom propre écrit en tibétain de la manière suivante : Mohu-dgal-gyi bu, « le fils de Mohudgal, » ce qui est une transcription suffisamment exacte de Mudhala. (Hdul-va, t. kha ou ii, f. 64 ; t. da ou xi, f. 55.) J’en rencontre une orthographe encore meilleure dans les légendes tibétaines publiées par M. Schmidt : Mâu-dgal-ya-na. Der Weise und der Thor, texte, p. 92.) Ajoutons que l’orthographe des textes pâlis appuie celle que je préfère. En effet, le nom pâli de Moggalâna résulte de la contraction de dga en gga. Si l’original eût eu nga, le pâli n’aurait eu rien à changer, et il eût écrit Mongallâna. Il est toutefois juste de dire que la confusion de dga et de nga est extrêmement facile, tant pour la prononciation que pour l’écriture. B. Hamilton a déjà remarqué que le nom actuel de la ville de Monghir, qu’il transcrit, d’après les natifs, Mungger, est écrit Mudga giri dans une ancienne inscription trouvée sur les lieux.