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DU BUDDHISME INDIEN.

divins lotus, bleus, rouges, blancs, ainsi que des poudres d’Aguru[1], de Santal, de Tagara[2], des feuilles de Tamâla[3], et des fleurs divines de Mandârava[4]. Elles firent résonner les instruments célestes, et firent tomber une pluie de vêtements.

Alors les Rĭchis firent cette réflexion : Pourquoi a lieu ce grand tremblement de terre ? Cette idée leur vint à l’esprit : Sans doute ceux qui suivent la même règle religieuse que nous aurons provoqué aujourd’hui le Çramana Gâutama à faire usage de sa puissance surnaturelle. Convaincus de cela, les cinq cents Rĭchis partirent pour Çrâvastî. Quand ils se mirent en chemin, Bhagavat bénit la route de façon qu’ils achevèrent au même instant le voyage[5]. Ils virent de loin Bhagavat orné des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme, qui ressemblait à la loi revêtue d’un corps ; au feu du sacrifice qu’on aurait aspergé de beurre ; à la mèche d’une lampe placée dans un vase d’or ; à une montagne d’or qui aurait marché ; à un pilier d’or qui serait rehaussé de divers joyaux ; ils virent, en un mot, le bienheureux Buddha, dont la grande et haute intelligence, pure et sans tache, se manifestait au dehors ; et l’ayant vu, ils furent comblés de joie. En effet, la possession de la quiétude ne cause pas à l’homme qui pratique le Yoga depuis douze années un bonheur aussi parfait ; la possession d’un enfant n’en donne pas autant à celui qui n’a pas de fils ; la vue d’un trésor n’en procure pas autant à un pauvre, l’onction royale n’en donne pas autant à celui qui désire le trône, que n’en assure la première vue d’un Buddha aux êtres chez qui les Buddhas antérieurs ont fait croître des racines de vertu. Alors ces Rĭchis se rendirent au lieu où se trouvait Bhagavat ; et quand ils y furent arrivés, ayant salué en les touchant de la tête les pieds de Bhagavat, ils se tinrent de côté ; et de la place où ils se tenaient debout, ils lui parlèrent ainsi : Puissions-nous, seigneur, sous la discipline de la loi bien renommée, embrasser la vie religieuse et recevoir l’investiture et le rang de Religieux ! Puissions-nous, étant devenus mendiants en présence de Bhagavat, accomplir les devoirs de la vie religieuse ! Bhagavat alors leur dit, de sa voix qui a le son de celle de Brahmâ : Approchez, ô Religieux, accomplissez les devoirs de la vie religieuse ! Et à peine eut-il prononcé ces paroles, qu’ils se trouvèrent rasés, couverts du vêtement religieux, portant à la main le vase qui se termine en bec d’oiseau, ayant une barbe et une chevelure de sept jours, et

  1. Aquilaria agallocha.
  2. Tabernœmontana coronaria.
  3. Xanthocymus pictorius.
  4. Erythrina fulgens ? C’est le Mandâra auquel on donne ce nom.
  5. Je ne suis pas certain d’avoir saisi le sens de cette expression : Êkâyanô mârgô dhichthitaḥ. Faut-il traduire plus simplement : « Bhagavat bénit la route sur laquelle ils s’avançaient tous ensemble ? »