Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans sa chambre, elle la trouva occupée à regarder au travers de la fenêtre, suivant des yeux un objet avec tant d’attention, qu’elle ne s’appercevait pas de son arrivée.

Cécile, qui ne put plus douter du motif de sa curiosité, s’abstint de la distraire. Au bout de quelques minutes, elle cessa de fixer la fenêtre, et levant les yeux au ciel, joignant les mains, elle dit d’une voix basse : Puisse le ciel le protéger et le bénir ! Puisse-t-il ne jamais éprouver des tourments tels que les miens ! À ces mots, un soupir échappé à Cécile la fit tressaillir, et se tourner du côté de la porte. Elles rougirent extrêmement l’une et l’autre au moment où leurs yeux se rencontrèrent ; et tandis que mademoiselle Belfield tremblait d’avoir fait connaître ses vrais sentiments, Cécile avait à peine la force de se tenir debout. Le silence pénible et embarrassant qui suivit, ne fut interrompu que par les larmes que mademoiselle Belfield n’eut plus la force de retenir. Mais, Cécile attendrie, oubliant