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l’aurore de la philosophie grecque

CV. — Les fragments.

Nous avons d’Empédocle des fragments plus abondants que d’aucun des philosophes grecs primitifs. Si nous pouvons nous lier aux manuscrits de Diogène et de Suidas, les bibliothécaires d’Alexandrie évaluaient le Poème sur la Nature et les Purifications ensemble à 5000 vers, sur lesquels environ 2000 appartenaient à la première de ces œuvres[1]. Diels donne environ 350 vers et fragments de vers du poème cosmologique, ce qui n’en représente pas même la cinquième partie. Il est important de faire remarquer que, même dans ce cas favorable, la perte a été énorme. Outre les deux poèmes, les savants alexandrins possédaient une œuvre en prose sur la médecine de 600 lignes, qu’on attribuait à Empédocle. Les tragédies et les autres poèmes dont on le disait parfois l’auteur semblent, en réalité, appartenir à un écrivain plus jeune, du même nom que lui, et que Suidas dit avoir été son petit-fils[2].

Je donne les fragments tels qu’ils sont arrangés par Diels :

1. Et toi, prête l’oreille, Pausanias, fils d’Anchitos, le Sage !

2. Car étroitement limitées sont les forces qui sont répandues sur les parties de leurs corps, et nombreux sont les maux qui fondent sur eux et émoussent le tranchant de leurs soucieuses

  1. Diog. VIII, 77 (R. P. 162) ; Suidas, s. v. Ἐμπεδοϰλῆς (DV 21 A 2) : ϰαὶ ἔγραψε δι’ ἐπῶν Περὶ φύσεως τῶν ὄντων βιβλία β′, ϰαὶ ἔστιν ἔπη ὡς δισχίλια. Il semble peu probable, cependant, que les Καθαρμοί comptassent 3000 vers ; aussi Diels propose-t-il de lire dans Diogène πάντα τρισχίλια au lieu de πενταϰισχίλια. Il y a lieu d’observer qu’il n’y a pas de meilleure autorité que Tzetzes pour diviser le Περὶ φύσεως en trois livres. Voir Diels, Ueber die Gedichte des Empedokles, dans les Berl. Silzb., 1898, p. 396 sq.
  2. Jérôme de Rhodes déclarait (Diog. VIII, 58) qu’il avait eu sous les yeux quarante-trois de ces tragédies ; mais voyez Stein, p. 5 sq. Le poème sur les guerres persiques, que mentionne aussi Jérôme (Diog. VIII, 57) semble avoir eu pour origine une ancienne corruption du texte d’Arist., Probl. 929 b 16, où Bekker lit encore ἐν τοῖς. On dit cependant du même passage, à Meteor. Δ 4, 387 a 1, qu’il se trouvait ἐν τοῖς φυσιϰοῖς, quoique, là aussi, E lise Περιϰοῖς.