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tableau fidèle d’une bataille de mercenaires, surtout sous la forme d’appels, de commandements et de conversations auxquels donne lieu une action de ce genre.

Ce qu’il y a de plus remarquable dans ce genre, c’est la description de la vie champêtre au naturel, telle qu’on ia trouve surtout chez Laurent le Magnifique et chez les poëtes de son entourage.

Depuis Pétrarque [1] il y avait une poésie bucolique toute fausse et conventionnelle, imitée des Églogues de Virgile, que les vers fussent latins ou italiens. Comme genres secondaires parurent le roman pastoral, depuis Boccace (t I, p. 322) jusqu’à l’Arcadie de Sannazar, et plus tard, la bergerie, dans le goût du Tasse et de Guarini, ouvrages écrits en admirable prose ou parfaitement versifiés, mais où la vie pastorale n’est qu’un costume idéal destiné à recouvrir des sentiments qui dérivent d’une tout autre source [2].

Mais à côté de ces œuvres factices nous voyons apparaître, vers la fin du quinzième siècle, la description simple et naturelle de la vie des champs ; c’est l‘inauguration d’un nouveau genre littéraire qui n’était poslement en apparence aux langues que parlaient les mercenaires étrangers. — La Description de Florence pendant la peste, par Machiavel, mérite aussi d’étre rappelée ici. Ce sont des tableaux parlants qui retracent les divers épisodes d’une épouvantable calamité.

  1. Dante a fait deux églogues latines, comme Boccace a été le premier à le remarquer {Vita di Dante, p. 77). Elles sont adressées â Jean de Virgiliis. Comp. Fraticelli, Opp. min. di D., vol. i, 417 ss. Voir aussi le poëme pastoral de Pétrarque dans P. Carmina minora, éd. Rossetti, L Comp. L. Geiger, Pélr., p. 120-122 et 270, note 6, surtout A. Hortis, Scriiii ineditidiF. P. Trieste, 1874.
  2. Boccace donne déjà dans son Ameto (voir plus haut, p. 76) une sorte de Décaméron gâté par l’appareil mythologique, où il commet parfois des erreurs de costume assez plaisantes. Une de ses nymphes est bonne catholique, et les prélats de Rome la lorgnent avec complaisance ; une autre se marie. Dans le Ninfale Fiesolano, la nymphe Mensola, qui est enceinte, consulte une « nymphe vieille et sage » etc.