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jouit pas moins d’un bonheur relatif : il a encore un petit-fils ; il possède encore sa vaste science ; il jouit de la gloire qu’il doit à ses ouvrages, d’une belle fortune d‘un rang considérable, de l’estime publique ; il a des amis puissants, connaît des secrets importants, et, ce qui vaut mieux que tout, il croit en Dieu. Après avoir énuméré ces causes de bonheur, il compte les dents qui lui restent, et il en trouve encore quinze.

Mais lorsque Cardano écrivait, les inquisiteurs et les Espagnols travaillaient déjà, en Italie comme ailleurs à empêcher le développement de personnalités comme celle de Cardano ou à faire disparaître les hommes de ce genre. De là jusqu’aux mémoires d’Alfieri, il y a un pas immense à franchir.

Quoi qu’il en soit, il serait injuste de clore cette revue rapide d’autobiographes sans laisser la parole à un homme aussi estimable qu’lieurcux. Nous voulons parler du philosophe bien connu, Luigi Cornaro, dont la demeure à Padoue était classique, même sous le rapport de l’architecture, et servait en même temps d’asile à toutes les muses. Dans son célèbre traité De la médiocrité [1], il décrit d’abord le régime sévère par lequel il a réussi après avoir été longtemps maladif, à raffermir sa santé et à atteindre l’âge de quatre-vingt-trois ans qu’il avait au moment où il écrivait son livre ; ensuite il répond à ceux qui appellent des morts vivants les gens qui ont dépassé soixante-cinq ans ; il leur prouve qu’il est bien vivant et qu il n'y a rien dans son existence qui rappelle la mort. « Qu’ils viennent, dit-il, qu’ils me voient, qu’ils admirent ma verdeur : je monte à cheval sans l’aide

  1. dif composant du Trmato proprement t." “ *•••