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321 MŒURS ET RELIGION.

publiquement malgré le Martmu des maléfices {Mallem mahficarum), etc., nous le renvoyons au livre bien connu d’Agrippa de Nettesheim « sur la philosophie occulte », 11 parait, il est vrai, Tavoir écrit primitivement avant son séjour en Italie -, mais, dans la dédicace à Trithemius, il cite aussi des sources italiennes irès-importanies, indépendamment de beaucoup d’autres, bien que ce ne soit que pour les discréditer toutes. Chez des individus équivoques comme Tétait Agrippa, chez des fripons et des fous comme le sont la plupart des autres, le système qu’ils affichent nous intéresse fort peu, malgré leurs formules, leur cuisine magique, leurs onguents, leurs dessins bizarres, leurs ossements*, etc. Mais d’abord ce système est rempli d’emprunts faits à la superstition antique ; ensuite le rôle qu’il joue dans la vie et dans les passions des Italiens est considérable et fécond au dernier point. Od devrait croire que les plus dépravés d’entre ies grands ont seuls donné dans ces aberrations ; mais le magicien trouve parfois des clients même parmi les natures fortes et puissantes ; toutes les classes de la société recourent à lui, et la seule idée de la possibilité de son art suffit pour ébranler la croyance de l’indifférent lui-mème à un ordre de choses régulier et moral. Au prix d’un peu d’argent et de quelque danger on semblait pouvoir braver impunément la raison et la moralité communes, et éviter de passer par les degrés intermédiaires qui séparent ordi- > polidore Virgile était, il est vrai, Italien de naissance, mais son ouvrage De prodigiis ne constate que les superstitions répandues «n Angleterre, pays où il passa sa vie. Toutefois il fait, à propos de la prescience des démons, une curieuse application au sac de Kome en 1527. , . . ,

  • DU moins l’assassinat n’est que très-rarement le but (p. 216)

et peut-être jamais le moyen. Un monstre comme Gilles de Retz (vers UIO), qui sacrifia aux démons plus de cent enfaots, ne trouve guère son pareil en Italie.