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320 MOEURS ET RELIGION.

vie, mais il est encore à même de nous renseigner très-exactement sur leurs pratiques. II énumère les hideux objets qu’on trouve réunis dans leurs armoires, des cheveux, des crânes, des côtes, des dents, des yeux de morts, de la peau humaine, des nombrils de petits enfants, des semelles de souliers et des vêtements arrachés aux tombeaux ; elles vont jusqu’à chercher dans les cimetières de la chair en putréfaction et la donnent à manger à leurs g liants (sans parler de choses encore plus monstrueuses). Elles prennent des cheveux, des aiguillettes, des rognures d’ongles de leurs galants, et les font cuire dans de riiuile qu’elles ont volée djns les lampes qui brûlent perpétuellement dans les églises. La plus innocente de Ic irs conjurations est celle qui consiste à donner à de lii cendre’ chaude la forme d’un cœur, qu’elles percent en chantant :

Prima cheT fuoco spengbi

Fa cli’a mia porta Tcnglii ;

Tal ti punga il mio amore

Quale io fo questo cuore.

Eilcs prononcent aussi des formules magiques au clair de la lune, font des dessins sur la terre et fabriquent des figures de cire ou de bronze qui doivent sans doute représenter le bien-aimé et qu’elles traitent suivant les circonstances.

On était tellement habitué à ces choses-là qu’une femme qui exerçait un grand charme sur les hommes tout en n’étant ni jeune ni belle, devenait par cela même fort remarquable. Bembo raconte dans la biographie de Guidobaldo {Opera, I. 614) ce qui suit : Guid. constat sioe corporis et naturœ vitio, i€U quod vulgo credilum est, artibut magicis ab Octaviano patruo propter regni cupidilatem impeditum quarum oiimino ilie artium expeditissimus httbebaiur, nulla cutn /emina coire unquam in tota vita poluisse, nejue unqitani/u-sse ad rem uxoriani idoncttm.