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CriAP, IV. — mélange de superstitions antiques, etc. 319 avait une stregheria perfectionnée, qui reposait sur de tout autres bases. La sorcière italienne exerce un métier ; elle veut gagner de l’argent, et il faut avant tout qu’elle ait du sang-froid et de la réflexion. Chez elle il n’est pas question des rêveries hystériques des sorcières du Nord, de lointaines expéditions, d’incubes et de succubes ; la strega est une agente de plaisir Si on lui attribue le pouvoir de prendre diverses formes, de se transporter rapidement sur des points éloignés, elle n’y contredit pas, pour peu que son autorité y gagne ; par contre, elle s’expose aux plus grands dangers quand la crainte de sa méchanceté et de sa vengeance, surtout de l’ensorccllement des enfants, du bétail et des fruits des champs, la désigne à la persécution. Les inquisiteurs et les autorités locales peuvent trouver dans la terreur qu’elle inspire uu motif extrêmement populaire de la brûler. Comme nous l’avons indique, le chaiop le plus vaste où moissonne la strega, ce sont les intrigues amoureuses, qui lui donnent occasion de faire naître l’amour et la haine, de nouer l’aiguillette, de pratiquer des avortements, des envoûtements, et même d’exercer le métier d’empoisonneuse *. Comme on se défiait de femmes aussi redoutables, bien des personnes cherchèrent â apprendre leurs secrets pour opérer elles-mêmes, sans le secours de la sorcière. Les courtisanes de Rome, par exemple, tâchaient d’augmenter le charme de leur personne en recourant à des artifices camme ceux de !a Cauidie d’Hoeace. Arétiu*est non-seulement au couraut de leur

  • Sur les dégoûtantes provisions que renfermait la cuisine des

sorcières, comp, la Macaronêide, Phant., XVI, XXI, où toutes leurs opérations sont décrites.

  • Dans le Ragionamento del Zoppino. Il dit que les courtisanes

puisaient leur science surtout dans la fréquentation de certaines Juives qui possédaient des malie, — Le passage suivant est aussi