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250 MOEURS ET RELIGION.

les souverains de la terre. La pensée de Tauteur allait-elle aussi loin ? c’est une question que nous n’exaiuiDerons pas.

On ne saurait raisoouer d’une manière plus enfantine. Le brave homme n’a pas même l’idée de se dire que la résurrection de Tanliquité et l’extension colossale de l’horizon intellectuel pourraient, suivant les circonstances, tourner au triomphe de la religion. 11 aimerait bien défendre ce qu’on ne peut plus supprimer. En général, il n’était rien moins que libéral ; aux astrologues impies, par exemple, il réserve le bûcher sur lequel il devait finir lui-méme *.

Combien a dû être puissante l’âme qui habitait à côté de cet esprit étroit ! Que feu ne fallait-il pas pour amener les Florentins, ce peuple si passionné pour la culture, à subir le joug de pareilles doctrines ! A sa voix, Florence était prête â sacrifier ses œuvres d’art et ses souvenirs mondains, témoin ces holocaustes célèbres à côté desquels tous les taîami de Beruardin de Sienne et d’autres étaient chose insignifiante. Sans doute Savonarole n’obtenait pas ces résultats sans recourir à des mesures tyranniques et vexatoires. En général, il a peu respecté la liberté de la vie privée, si chère aux Italiens ; c’est ainsi qu’il voulait que les domestiques se fissent les espions de leurs maîtres, afin d’arriver par ce moyen à réformer les mœurs. Ce que plus tard le farouche Calvin ne put faire qu’à grand’peine à Genève, grâce à un état de siège permanent, devait fatalement échouer à Florence ; le changement radical de la vie publique et privée y devait rester à l’état d’essai, et cette tentative devait irriter jusqu’à la fureur ’ Il dit des impii astrologi ; Non è da disputar {con loro) aUrimenii eke co.l fuoco.