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CHAPITRE PREMIER. - LA MORALITÉ. 201

siècle est dû à certaines causes extérieures tant politiques que religieuses, causes qu’on peut déterminer exactement, même si l’on ne veut pas admettre que le cercle des phénomènes possibles de la Benaissance ait été parcouru à cette époque. Malgré leurs excès, les Italiens continuèrent de figurer au nombre des populations les plus saines, les plus fortes, les plus intelligentes de l’Europe

  • , et, grâce à l’épuration des mœurs, elles ont gardé

ces avantages jusqu’à ce jour.

Si maintenant on examine de près la morale amou* reuse de la Renaissance, on est frappé du singulier contraste que présentent les assertions des auteurs. A en juger d’après les nouvellistes et les poètes comiques, 1 amour ne consisterait que dans la jouissance, et, pour y arriver, tous les moyens, tragiques ou comiques, seraient non-seulement permis, mais encore intéressants à mesure qu’ils seraient plus hardis et plus plaisants. Si, par contre, on lit les bons poètes lyriques et les auteurs de dialogues, on y trouve la plus noble spiritualisation de la passion ; ils vont même jusqu’à chercher l’expression la plus haute de l’amour dans l’idée antique de l’u nion primitive des âmes au sein de la Divinité. Ces deux manières de concevoir l’amour sont vraies à cette époque et peuvent se rencontrer dans un seul et m^e individu. Cest un fait positif que chez l’homme cultivé des temps modernes les sentiments existent à l’état latent, avec les différents degrés qu’ils comportent, et qu’il est capable de leur donner une expression raisonuée, et même artistique, suivant les circonstances. L’homme

  • Quand la domination espagnole fut bien assise, le pays commença

à se dépeupler. Si ce dépeuplement ayait été la conséquence de la démoralisation, il se serait nécessairement produit plus tôt. ^