Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE PREMIER. — LA MORALITÉ. 199

culier de circonstances qu’il faut savoir attendre. Cest avec un vrai plaisir que les nouvellistes décrivent parfois le travail souterrain qui doit amener l’heure de la réparation.

H n’y a pas lieu de porter un jugement sur la moralité d’actions où la même personne est à la fois juge et partie. Si ce caractère vindicatif des Italiens était susceptible d être justifié, on ne pourrait le faire qu’en lui opposant une vertu nationale correspondante, savoir la reconnaissance ; ii faudrait que la même imagination qui raviye et grossit TiDjure subie, rendit toujours présent le souvenir du bienfait reçu *. Il ne sera jamais possible de prouver que cette sorte de contre-poids se rencontre chez le peuple tout entier ; pourtant le caractère actuel du peuple italien ne laisse pas de présenter des traces de ce genre de compensation. Citons, pour les gens du commun, la vive reconnaissance qu’ils témoignent pour les bons traitements dont ils sont Tobjet, et, pour les classes élevées, le bon souvenir qu’elles gardent des services rendus.

Ce rapport de l’imaginalion avec les qualités morales des Itaheus se retrouve partout. Si l’iialien obéit en apparcuee à un froid calcul, dans des cas où l’homme du Nord écoute plutôt la passion, cela tient à ce que son développement individuel est plus fréquent, plus précoce et plus fort. Quand ce fait se produit en dehors de l’Italie, on trouve aussi des résultats analogues ; l’habitude de s’cloigner temporairement de la maison et de l’autorité paternelle, par exemple, est également propre à la jeunesse italienne et aux jeunes gens de l’Amérique ’ c est ainsi que Cardanus {Dt propria vita, cap. xiii) se représente coinnie extrêmement vindicatif, mais aussi comme vlao : mamr beneficioïum, amans justiiiœ.