Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée
14
LA DÉCOUVERTE DU MONDE ET DE L’HOMME.


envoyant à Léon X un éléphant et un rhinocéros [1]. Dans rioiervalle on avait jeté les fondements d’une zoologie scienlifique ainsi que de la botanique.

On trouve uue application pratique de la zoologie dans les haras, parmi lesquels celui de Mautoue passait, sous François de Gonzague, pour le premier de l’Europe [2]. La distinction entre les différentes races de chevaux est certainement aussi ancienne que l‘équitation, et le croisement des races a dû se pratiquer surtout depuis les croisades ; mais en Italie c’était le désir de briller dans les courses de chevaux qui avaient lieu dans toutes les villes un peu considérables, qui poussait les éleveurs à produire surtout des coureurs de choix. Dans le haras de Mantoue s’élevaient les vainqueurs dans toutes les courses, les chevaux de bataille les plus remarquables, et en général des chevaux que les plus grands seigneurs aimaient à recevoir et qu’ils considéraient comme les plus magnifiques des présents. Gonzague avait des étalons et des juments d’Espagne, d’Irlande, d’Afrique, de Thrace et de Cilicie ; pour avoir des échantillons de cette dernière race il entretenait des relations d’amitié avec le grand sultan. II fit essayer toutes les variétés afin d’arriver à des produits parfaits.

Il y eut même une ménagerie d’hommes : le célèbre

  1. Voir d’autres détails très-amusants dans Paul Jov., Elogîa, P.229, à propos de Tristanus Acunius. À sa mort, l’éléphant fut vivement regretté par le peuple ; on en fit le portrait, qui fut orné de vers composés par Béroalde le jeune. Sur les porcs-épics et les autruches dupai. Strozzi à Florence, comp. Rabelais, Pantagruel. IV, chap. XI.
  2. Comp. Paul. Jov. Elogia, p. 234 SS., à propos de Franc, de Gonzague. — Sur le luxe des Milanais en fait de chevaux, voir Bandello, Parte II, Nov. 3 et 8. — Même dans les poëmes narratifs on entend quelquefois parler le connaisseur de chevaux, comp. Pulci, Il Morgante, c. xv, str. 105 ss.