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fallut s’arrêter de nouveau : un saint Pierre escorté de deux anges, qui planait au-dessus de la façade de l’église, descendit vers le duc, lui posa une couronne de lauriers sur la tête et remonta dans les airs[1]. Le clergé avait veillé à ce qu’il y eût encore une autre allégorie, toute religieuse celle-là : au sommet de deux hautes colonnes se dressaient Idolâtrie » et la « Foi » ; après que cette dernière, qui était figurée par une belle jeune fille, eut débité son compliment au duc, on vit l’autre colonne s’écrouler avec l’image qu’elle portait. Plus loin le cortège rencontra « un César » avec sept belles femmes que l’illustre Romain présenta au duc comme les sept vertus qu’il devait s’efforcer d’acquérir. Enfin l’on arriva à la cathédrale ; mais, après le service divin, Borso dut prendre place sur un trône d’or, du haut duquel il entendit encore une fois les compliments des masques énumérés plus haut. Pour la clôture, trois anges descendirent d’un édifice voisin pour lui présenter, au milieu de chants harmonieux, des palmes en guise de symbole de paix.

Examinons maintenant les fêtes où le cortège lui-même est l’élément principal.

Il est certain que dès le commencement du moyen âge les processions religieuses furent des prétextes à mascarades, soit qu’on fit escorter le Saint Sacrement, les images des saints et les reliques par des enfants vêtus en anges, soit que des personnages de la Passion fissent partie du cortège et qu’on y introduisit le Christ avec la croix, les mauvais larrons, les licteurs ou les saintes femmes. Mais on voit de bonne heure figurer dans les grandes fêtes religieuses des cortèges ayant un caractère local, qui, suivant l’esprit naïf du moyen âge, contien-

  1. On apprend que les cordes à l’aide desquelles ces machines fonctionnaient, étaient masquées par des guirlandes.