Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée
9
CHAPITRE II. — LA SCIENCE DE LA NATURE EN ITALIE.


cin qui l’accusa d’hérésie et de magie devant les inquisiteurs [1]. On en peut supposer autant pour un de ses contemporains, Giovannino Sanguinacci, de Padoue, attendu qu’il était novateur en médecine ; celui-ci en fut quitte pour le banaissement. Enfin il ne faut pas oublier que la puissance des Dominicains comme inquisiteurs ne pouvait pas s’exercer aussi régulièrement ea Italie que dans le nord ; les tyrans aussi bien que les États libres montraient parfois, ou quatorzième siècle, un tel mépris pour tout le clergé que des crimes bien plus graves que celui de se livrer à l‘étude de la nature restaient impunis [2]. Mais lorsque au quinzième siècle l‘antiquité prit une place si importante dans la vie, la brèche faite au système du moyen âge s’élargit bien vite ; les études et les recherches profanes devinrent plus libres ; seulement l’humanisme attirait à lui presque toutes les forces vives et faisait du tort à l’empirisme, appliqué aux sciences naturelles <ref name="p.9">Voir les plaintes exagérées de Libri, II, p. 258 ss. Quelque regrettable qu’il soit que ce peuple si heureusement doué ne se soit pas appliqué davantage â rhistoire naturelle, nous croyons toute-/ref>. De temps à autre l’inquisition se réveille ; elle punit ou brûle des médecins comme blasphémateurs et nécromanciens, sans qu‘il soit jamais possible de découvrir le véritable motif de la condamnation. Malgré tout cela, vers la fin du quinzième siècle, l‘ltalie, qui possédait Paolo Toscanelli, Luca Paccioli et Léonard de Vinci, occupait parmi tous les peuples de l’Europe le premier rang dans les mathématiques et dans les sciences natu-

  1. Scardeonius, De urb. Patap. antiq. in Graevti Thesaur. ant. liai., t. VI, pars III, col. 22 ?. Ab. mourut en 1513 pendant l’enciiiête’ sa statue fut brûlée ; sur Giov. Sang, voir col. 228 ss. — Comp ! Kabricius, Bibl. lat. s. v. Petrus de Apono. — Spuenger, dans Ecscn. -u traduit (1202-93) des écrits astrologiques d Abraham ibn Esra, impr. en 1506, Comp. M. G., XVIII, p. 190.
  2. Comp. plus bas, 6e part,, chap. II.