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duc ; un flatteur le remercie d’élever les jeunes gens, qui maintenant méprisent le commerce et l’industrie, en vue d’en faire des chevaliers de l’ordre de Saint-Étienne qu’il a créé [1]. C’est juste l’extrême opposé du principe qui régnait autrefois chez les Florentins », savoir que le fils ne pouvait succéder au père qu’à la condition d’avoir une occupation régulière. (T. I, p. 101 et 102.) La rage des distinctions, chez les Florentins [2], notamment, marche de pair avec l’amour de la culture et la passion des arts, et conduit souvent à des aberrations comiques ; c’est ainsi que tout le monde veut avoir la dignité de chevalier ; c’est une mode, une manie qui se répandit surtout quand le titre ambitionné eut perdu jusqu’à lombre d’une valeur.

« Il y a quelques années », écrit Franco Sacchetti [3] vers la fin du quatorzième siècle, « tout le monde a pu voir des ouvriers, jusqu’à des boulangers, jusqu’à des cardeurs de laine, des changeurs et des drôles de toute espèce, se faire nommer chevaliers. Quel besoin un fonctionnaire a-t-il de la dignité de chevalier pour pouvoir aller comme rettore dans une ville de province ? Elle est encore moins compatible avec uu gagne-pain ordinaire. Oh ! comme tu es avilie, malheureuse dignité ! Tous ces chevaliers de contrebande font juste le contraire de ce que prescrit le code de la chevalerie. J’ai voulu parler

  1. Jac. Pitti à Côme, Areh. *tor., iv, II, p. 99. — Le même fait se ppoduitit dans la Laute Italie, mais seulement à partir de la domination espagnole. Bandello, parte 11, nov, 40, date de cette époque.
  2. Si au quinzième siècle Vespasiano Fiorentino (p, 638, 652) dit Sue les riches ne devraient pas augmenter leur patrimoine, mais épenser chaque année tons leurs revenus, cela ne peut s’appliquer, dans la bouche d’un Florentin, qu’aux grands propriétaires de biens-fonds.
  3. Franco Sacchetti, nov, 153. Comp. nov. 82 et 150.