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rable, quoique rustique ». Dans la Lombardie aussi, les nobles vivent du revenu des terres qu’ils ont héritées de leurs ancêtres ; ici l’origine et une oisiveté élégante suffisent pour constituer la noblesse [1]. À Venise, les nobili, qui forment la caste régnante, se livrent tous au commerce ; de même, à Gênes, les nobles et les roturiers sont tous négociants et navigateurs ; ilsue se distinguent ies uns des autres que par la naissance ; quelques-uns sans doute vivent dans leurs châteaux et font métier de détrousser les voyageurs. À Florence, une partie de la vieille noblesse est devenue commerçante ; une autre partie (certainement la plus petite de beaucoup) se repatt de son orgueil et passe noblement sa vie à chasser et à voler l‘oiseau [2].

Ce qui est surtout significatif, c’est que, dans presque

    travaux champêtres, et qu’il ajoute que c’était pour lui une distraction ; que d’ailleurs les jeunes gens nobles avaient coutume d’en faire autant ? (G. Voigt, II, 339.)

  1. Bandello, avec sa polémique contre les mésalliances, nous donne l’idée de la manière dont la noblesse était cotée dans la haute Italie. Voir parte l, nov. 4, 26 ; parte lll, 60 ; IV. 8. Le noble milanais se faisant marchand est une exception. Voir parte lll, nov. 37. Sur la manière dont les nobles lombards s’associaient aux jeux des paysans, comp. p. 86, note 4.
  2. Le sévère jugement de Machiavel, Ditcorsi, I, 55, s’applique uniquement â la noblesse qui possède encore des droits féodaux, qui est complètement inactive et qui est subversive au point de vue politique. — Agrippa de Nettesheim, qui doit ses idées les plus remarquables à son séjour en Italie, a pourtant écrit sur la noblesse et les princes {De incert. et vanitate sciera., cap. Lxxx. Opp. ed. Lugâ, II, 312-230} un chapitre qui, sous le rapport de la virulence, surpasse tout ce qu’on a dit là-dessus, et qui rappelle la fermentation des esprits qui existait dans le Nord. C’est ainsi qu’on lit, p. 213 : Si... nobilitatis primordia reguiramtu, ctmperimus banc nefarta perfidia et crudeîitate partam, si ingrestum ej^temus, reperietNHs heate mercenetria militia et latfoeiniis astetam. Mobilitas révéra nihil aliud est qsum robusta improbitas aiguë dignitas non nisi scelcre quatsita heneâieUo et hœreditas petsiutorum gnorumcungw filiorvm. En faisant l’histoire de la noblesse, il en vient aussi à dire un mot de la noblesse italienne (p. 227).