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CHAPITRE VII
LES RÉPUBLIQUES : VENISE ET FLORENCE.

Jadis les villes italiennes avaient développé au plus haut point cette force qui fait de la ville un État. Il ne fallait qu’une chose pour cela : c’est que ces villes formassent une vaste fédération, idée qui revient toujours en Italie, sous une forme ou sous une autre. Les lattes du douzième et du treizième siècle amenèrent la formation de grandes et puissantes ligues de villes, et Sismondi (II, 174) croit que le moment des deroiers armements de la Ligue lombarde contre Barberousse (à partir de 1168) aurait été favorable à la fédération des vi les italiennes. Mais déjà les villes considérables avaient pris des habitudes qui rendaient une pareille fédération impossible : sous le rapport de la concurrence commerciale, elles employaient tous les moyens les unes contre les autres et écrasaient leurs voisines plus faibles de toute leur puissance ; aussi finirent-elles par croire qu’elles pouvaient subsister sans chercher la force dans l’union, et préparèrent-elles les voies au despotisme. Le despotisme vint à la suite des luttes intestines, quand le besoin d’un gouvernement fort se fit sentir dans les cités oü les troupes mercenaires vendaient leur appui au plus offrant, et où les partis au pouvoir avaient depuis longtemps déclaré imprati-