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CHAPITRE V. — LES GRANDES MAISONS RÉGNANTES.

leurs nobles protecteurs, c’est ainsi qu’Ange Politien célébra les amours adultères de Laurent le Magnifique et Gioviano Pontano celles d’Alphonse de Calabre. Ce dernier poëte met involontairement à nu l’âme basse et cruelle du prince aragonais[1], il faut que, même sur ce terrain, il soit le plus heureux, sans cela,malheur à ceux qm seraient plus heureux que lui ! — Les plus grands peintres, Léonard de Vinci par exemple, faisaient les portraits des maltresses des princes, c’est un fait qui n’a rien que de naturel.

Quant aux princes de la maison d’Este, ils n’attendaient pas que d’autres leur décernassent l’immortalité ils se la décernaient eux-mêmes. Borso (p. 63) se fit représenter dans le palais Schifanoja, traversant les diverses phases de sa vie de souverain, et Hercule célébra (pour la première fois en 1442) l’anniversaire de son avènement par une procession que les auteurs du temps comparèrent à celle de la Fête-Dieu, toutes les bouiques étaient fermees comme un jour de dimanche, au milieu du cortège marchaient tous les princes de ia maison d Este, même les bâtards, vêtus de brocart d’or. L’idée que toute puissance, que toute dignité émane du prince, qu elle est de sa part une disiinclion personnelle. était depuis longtemps symbolisée à cette cour[2] par uu ordre de l’Eperon d’or, qui n’avait plus rien de

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