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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

commença. En face de Guido, de Ridolfo et de leurs fils Jean-Paul, Simonetto, Astorre, Sigismond, Gentile, Marc-Antoine, etc., s’éleva un parti dirigé par deux pelits-neveux, Grifon et Charles Barciglia ; ce dernier était à la fois neveu du prince Varano de Camerino et beau-frère d’un des proscrits d’autrefois, Jérôme dalla Penna. En vain Simonetto, qui avait de sinistres pressentiments, demanda-t-il en grâce à son oncle la permission de tuer Penna : Guido la lui refusa. Le complot mûrit et éclata tout à coup, au milieu de l’été de 1500, lors du mariage d’Astorre avec Lavinia Colonna. La fête commence et se prolonge pendant quelques jours au milieu de lugubres présages qui deviennent toujours plus nombreux et plus menaçants, présages que Matarazzo rappelle dans un admirable tableau. Varano, qui était présent, fit éclater l’orage ; avec une astuce diabolique, il présenta à Grifon l’appât du pouvoir suprême, et lui fit croire qu’il existait des relations coupables entre sa femme Zénobie et Jean-Paul ; enfin, il désigna à chaque conjuré la victime qu’il devait frapper. (Les Baglioni avaient tous des demeures séparées ; ils occupaient, pour la plupart, l’emplacement du château actuel.) On donna quinze hommes à chacun des bravi qu’on avait sous la main ; le reste fut chargé de monter la garde. Dans la nuit du 15 juillet, les portes furent forcées, et Guido, Astorre, Simonetto et Sigismond tombèrent sous les coups des assassins ; les autres purent s’échapper.

Lorsque le corps d’Astorre fut trouvé gisant dans la rue avec celui de Simonetto, les spectateurs, « et surtout les étudiants étrangers », le comparèrent à celui d’un ancien Romain, tant les traits de la victime avaient de grandeur et de noblesse ; ils retrouvaient encore chez Simonetto cet air d’audace et de fierté qu’il avait eu