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APPENDICES.

époque postérieure, aux dehors plus brillants, sur une époque antérienre, peut-être plus riche comme valeur absolue, mais où la perfection de la forme était certainement moindre.

Facius, l’auteur de l’ouvrage biographique dont nous avons parlé, est nommé par Cortese ; mais celui-ci ne mentionne pas l’écrit en question. De même que Facius, Cortese est un humble courtisan ; seulement Laurent de Médicis est pour lui ce qu’était Alphonse de Naples pour Cortese, il est patriote comme Facius ; comme lui, il ne loue qu’à regret ce qui vient de l’étranger, et, s’il est obligé de le faire, il ajoute l’assurance qu’il ne veut pas nuire à ce qu’a produit son pays (p. 48, à propos de Janus Pannonius).

Bernardus Paperinius, l’éditeur du livre de Cortese, a réuni toute sorte de documents sur cet auteur. Il faut ajouter que la traduction latine des nouvelles de L. B. Alberti : Hippolytus et Dejanira, a été imprimée pour la première fois dans les Opere di L. B. A., vol. III, p. 439-463.

APPENDICE No 5.


Ce qui prouve combien était grande la gloire des humanistes, c’est qu’on vit surgir des imposteurs qui cherchèrent à exploiter à leur profit ces noms célèbres. C’est ainsi qu’à Vérone on vit un jour venir un homme au costume étrange, aux gestes bizarres ; conduit devant le chef de la municipalité, il débita avec beaucoup d’emphase des vers latins et de la prose latine empruntés aux œuvres de Panormita ; aux questions qu’on lui fit, il répondit qu’il était Panormita lui-méme et sut raconter sur la vie de cet auteur tant de détails généralement inconnus que tout le monde le prit pour Panormita. Par suite de cette erreur, les fonctionnaires et les savants de Vérone le fêtèrent à l’envi ; il sut soutenir assez longtemps son rôle jusqu’à ce qu’enfin la supercherie fut découverte par Guarino et d’autres, qui connaissaient personnellement Panormita. Comp. Rosmini, Vita di Guarino, II, p. 44 ss., 171 ss. — Un petit nombre d’humanistes seulement s’abstinrent de se vanter comme le faisaient presque tous. Codrus Urceus (Vita, à la suite des Opera, 1506, fol. LXX) avait l’habitude de répondre quand on lui demandait ce qu’il pensait de tel ou tel homme illustre : Sibi scire videntur. À propos du jurisconsulte Antonius Butriensis, Barth. Facius, De vir. ill., p. 31, raronte ce qui suit : Id unum in eo viro notandum est, quod neminem unquam, adeo excellere homines in eo studio volebat, ut doctoratu dignum in examine comprobavit.