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CHAPITRE III. — LA TYRANNIE AU QUINZIÈME SIÈCLE.

d’argent, que lui fit accepter Laurent le Magnifique. En 1495, lors de la perturbation générale qui suivit la campagne de Charles VIII, un condottiere du nom de Vidovero de Brescia[1] essaya de se rendre souverain ; déjà antérieurement il s’était emparé de la ville de Cesène, en mettant à mort un grand nombre de seigneurs et de bourgeois ; mais le château tint bon, et il dut renoncer à son dessein ; en revanche, suivi d’une bande que lui avait cédée un autre sacripant, Pandolphe Malatesta de Rimini, fils de ce Robert dont il a été question plus haut et condottiere an service de Venise, il enleva la ville de Castelnuovo à l’archevêque de Ravenne. Les Vénitiens qui craignaient pis et qui d’ailleurs étaient pressés par le Pape, ordonnèrent à Pandolphe, « dans une bonne intention », de se saisir de son bon ami à l’occasion ; celui-ci s’empara en effet de sa personne, « bien qu’avec douleur » ; il reçut l’ordre de le faire mourir au gibet. Pandolphe eut la délicatesse de le faire étrangler d’abord dans sa prison et de le montrer ensuite au peuple. — Le dernier exemple remarquable d’usurpations de ce genre est fourni par le célèbre Castellan de Musso, qui, lors des désordres qui éclatèrent dans le Milanais après la bataille de Pavie (1525), se tailla une principauté sur les bords du lac de Côme.

  1. Malipiero, Ann. Veneti, Archiv. stor., VII, I, p. 407.