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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

il était généralement considéré comme un contempteur de la religion. Compris parmi les humanistes que persécuta le pape Paul II, il avait été livré par Venise à ce pontife ; mais aucun moyen n’avait pu lui arracher des aveux indignes de lui. À partir de ce moment, les papes et les prélats l’invitèrent à venir chez eux, lui prêtèrent leur appui, et lorsqu’à la faveur des troubles du pontificat de Sixte IV sa maison fut pillée, on fit en sa faveur des collectes qui produisirent plus qu’il n’avait perdu. Il était consciencieux comme professeur ; on le voyait, même avant le jour, descendre avec sa lanterne du mont Esquilin ; toujours il trouvait la salle pleine avant de commencer son cours, car les gens accouraient dès minuit pour s’assurer une place ; comme il bégayait dans la conversation, il s’appliquait à parler lentement en chaire, ce qui n’ôtait rien au charme de sa parole. Les rares ouvrages qu’il a faits sont écrits avec soin. Personne ne traitait avec autant de respect les textes grecs ou latins ; du reste, telle était la vénération que lui inspirait l’antiquité qu’à la vue de monuments quelconques des anciens temps, il restait comme en extase ou se mettait à verser des larmes abondantes. Comme il quittait volontiers ses études quand il pouvait rendre service à d’autres, on l’aimait beaucoup ; aussi, quand il mourut, Alexandre VI alla-t-il jusqu’à envoyer ses courtisans pour accompagner son corps, qui fut porté par les plus considérables parmi ses auditeurs ; quarante évêques et tous les ambassadeurs étrangers assistèrent à ses funérailles, qui eurent lieu à Araceli.

Lætus avait eu l’idée de faire représenter à Rome des comédies anciennes, particulièrement des plècesde Plante, et il avait dirigé lui-même ces représentations (p. 317). Aussi, tous les ans, il célébrait le jour de la fondation de