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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

naires, ea étant spirituel ou méchant, triste ou seulement mélancolique, il n’y avait pas de forme plus heureuse que celle-là. On voyait alors cent vingt personnes s’évertuer à faire en vers latins une inscription digne du célèbre groupe de la Mère de Dieu avec sainte Anne et l’Enfant, qu’André Sansovino sculptait pour l’église de Saint-Augustin ; c’était moins la piété qui les inspirait que le désir de plaire au Mécène qui avait commandé ce groupe. Celui-ci, qui était référendaire des suppliques adressées au Pape, Jean Goritz de Luxembourg, ne se contentait pas de faire célébrer le service divin le jour de la féte de sainte Anne ; il avait aussi l’habitude de donner un grand banquet littéraire dans ses jardins, sur la pente du Capitole. Ce n’était pas une œuvre oiseuse de passer en revue tous les poètes qui cherchaient fortune à la cour de Léon X, dans un grand poëme, « De poetU urhanis », comme celui d’Arsillus[1], homme qui n’avait besoin ni de la protection du Pape ni de personne, et qui se réservait son franc parler vis-à-vis de ses confrères. — Sous Paul III et après lui, l’épigramme décline ; par contre, l’épigraphe continue de fleurir et

  1. Ce poëme parut d’abord dans les Corgciarta avec une introduction sous forme de lettres écrites par Silranus et par Corycius lui-mérae ; plus tard il fut réimprimé souvent, p. ex., dans Roscœ, Leone X, ed BOSSi, t. VII, p. 223 SS. (comp. ibid., p. 210-222) ; et dans les Deliciœ, comp. Paul. Jov., Elogia vir. doct , p. 179, à propos d’Arsillus. Dans notre poëme, Arsillus ne fait guère usage de la liberté de son jugement ; il loue à tort et à travers. Sur le grand nombre d’auteurs d’épigrarames, voir LiL Greg. Gyraldua. Une des plumes les plus méchantes, c’était Marcantonio Casanova. Gyraldus, p. 39i. Sur M. C. comp. Pier. Valer., De infel. Utt,, ed. Mencken, p. 376 ss., et Paul. Jov., Elog. vir. doct., p. 142 SS., qui, du reste, dit de lui : Nemo auiem eo simpUciiate ac innocentia vita melior ; voir aussi Arsillus, qui rappelle ses pladdos taies. Quelques-unes de ses poésies se trouvent aussi dans les Corydana, J3a ss., Lia, L4b. — Parmi ceux qui sont moins connus« il faut distinguer J. Thomas Muscoli us (voir les Delici(^ -