grâce à l‘influence de Martial et de Catulle. Le plus beau titre de gloire était de faire des épigrammes qui eussent l’air d’élre antiques, d’avoir été copiées sur un monument de l’antiquité[1], ou qui fussent tellement remarquables que toute l’Italie les savait par cœur ; c’est ce qui arriva pour quelques épigrammes de Berobo. Quand la ville de Venise payait 600 ducats d’honoraires à Sannazar pour les trois distiques qu’il avait composés en son honneur [2], on ne pouvait la laser de prodigalité : elle ne faisait qu’honorer l’épigramme comme la forme la plus concentrée de la gloire ; c’est ce qu’elle était aux yeux de tous les gens instruits de cette époque. D’autre part, personne n’était assez puissant pour être au-dessus d’une épigramrae bien mordante ; les grandseux-raémes avaient besoin de doctes conseils pour les inscriptions qu’ils pouvaient avoir à composer, car des épitaphes ridicules, par exemple, risquaient d’être recueillies dans le but d’égayer le public[3]. La science de l’épigrapliie et celle de l’épigramme se donnaient la main ; la première reposait sur l’étude assidue des inscriptions antiques.
Rome était par excellence la ville de l’épigramme et des inscriptions. Dans cet État où l’hérédité n’existait
- ↑ Sannazar se moque d’un individu qui l’avait irrité par des f j1sificatious de ce genre ; Sinl vetera hæc aîHs, mi nova semper emni [ad liufum, Opéra, 1535, fol. 41a).
- ↑ De mirablli urbe Venetüs (Opéra, fol. 38b) Viderai Adriacis Venelam Neptunus in undis Store urbem et toto ponere jura mari ; Nunc mihi ïorpejas quontumvis Jupiter arceia Objice et i !la tui mronia Martis ait, Si pelaso Tybrim præfers, urbcm adspice utramquc, lïiim. homiuo& diccâ, banc posui^se Dcos. (Ces vers ont été traduits de bonne heure en allemand par Chrétien ’Warnccki.)
- ↑ LclUi’c de priucipi, I, 88, 08,