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CHAPITRE X. — LA POÉSIE NÉO-LATINE.

qu’il prodigue à Clément VII et aux Farnèse, rivalise avec Stace et Martial, a trouvé, dans une élégie adressée par le poëte malade « à ses amis des pensées sur la mort qui sont aussi belles et aussi antiques que celles de n’importe quel auteur ancien, et cela sans faire à l’antiquité des emprunts bien considérables[1]. Du reste, c’est Sannazar quia le mieux connu et le plus complètement reproduit l’élégie romaine ; il n’y a pas d’auteur qui ait autant brillé, comme poète élégiaque, par la variété et par l’excellence de ses poëmes. Nous aurons encore à le citer de temps en temps à propos du sujet de quelques-unes de ses élégies.

Enfin, l‘épigrarame latine était à cette époque quelque chose de sérieux, attendu que quelques lignes bien expressives, gravées sur un monument ou transmises de bouche en bouche, suffisaient à fonder la gloire d’un savant. La prétention de s’illustrer par l’épigramme remonte bien haut ; lorsqu’on sut que Guido della Polenta voulait orner d’un monument le tombeau de Dante, il arriva de tous les côtés des épitaphes[2], composées « par des gens qui voulaient se montrer ou simpiement honorer la mémoire du poète ou même gagner les bonnes grâces de Polenta «. Sur le tombeau érigé à l‘archevêque Giovanni Visconti (mort en 1354) dans le dôme de Milan, on lit, après trente-six hexamètres, la mention suivante : « Gabrius de Zamoreis, de Parme, docteur en droit, a fait ces vers. « Peu à peu l’on vit se former toute une littérature dans ce genre ; l’épigramme fleurit,

    Guido Postumo Silvestri adresse au Christ, à Marie et à tous les saints de laisser encore longtemps ce Numen sur la terre attendu qu’ils étaient en nombre suffisant au ciel. Imprimé dans Roscœ, Leone A, ed. Bossi, V, 337.

  1. Ber^raot’iw !" P™ANTOWO Serassi,
  2. Boccaccio, Vita di Dante, p. 36.