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CHAPITRE X. — LA POÉSIE NÉO-LATINE.

di Strada, s était déjà proposé de le chanter ; ce n’est que par considération pour Péirarque qu’il s’effaça, bien que son poëme fût déjà assez avancé[1]. Si quelque chose pouvait justifier l’apparition de cette épopée, c’était 1 intérêt général qui, à celte époque et plus tard, s’attachait à Scipion ; on se passionnait pour lui comme s’il vivait encore, et bien des gens le mettaient au-dessus d’Alexandre, de Pompée et de César [2]. Combien d’épopées modernes peuvent se vanter d’avoir un sujet aussi populaire, un sujet où le mythe se réunit à l’histoire ? Aujourd’hui sans doute l‘Afrique ne trouverait plus de lecteurs. Pour d’autres sujets historiques il faut que noui renvoyions aux histoires littéraires.

Le développement du mythe antique, le comblement des lacunes politiques qu’il renferme sont déjà plus productifs. La poésie italienne s’empara de bonne heure aussi de cette veine ; nous citerons comme exemple la Théséide de Boccace, qui passe pour le meilleur de ses ouvrages poétiques. Sous Martin V, Maffeo Vegio composa en latin un treizième livre à ajouter à l’Énéide ; ensuite on trouve une quantité d’essais sans valeur dans le genre de Claudien, une Méléagride, une Hespéride, etc. Mais ce qu’il y a de plus remarquable, ce sont les mythes nouvellement imaginés, qui peuplent les plus belles contrées de l’Italie d’une foule de dieux, de

  1. Filippo ViLLAM, l’üæ, ed. Gaîetti, p. 16.
  2. Franc. Aleardi oratio tn laudem Franc. Sfortiœ, dans iVîlrat XXV col. 334 - Daas le parallèle enlre Scipion et César, GÎar’ino Ii C. A. (Cynacus Anconitanu.) regardaient le premier comme îe le Pogge {Opera epp., fol. 125, 135 SS.) accordait la palme au second ; li y eut à ce sujet de grandes discussions. Voir Siieph.-Toxelli, I, 262 ss., et Rosmini, Guarino, n p, 97-118 —Sur fn miniatures d’Attavante, voir Vasàri, ïV, 41, Vuadi Fiesole.^ Les noms de ces deux grands hommes ont été employés pour Picinino et Sforîa, p. 126,