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CHAPITRE VIII. — LES TRAITÉS EN LATIN ET L’HISTOIRE.

rentins eux-mêmes écrivaient d’ailleurs en latin au quinzième siècle, non pas seulement parce qu’ils avaient des instincts de lettrés, mais aussi parce que c’était un plus sûr moyen de répandre leurs livres.

Enfin, il y a aussi des chroniques contemporaines en latin, qui ont toute la valeur des meilleures chroniques italiennes. Dès que disparaît le récit continu imité de Tite-Live, ce lit de Procuste de tant d’auteurs, les historiens paraissent tout transformés. Ce même Platina, ce même Paul Jove que l’on ne suit dans leurs grands ouvrages historiques qu’autant qu’on est obligé de le faire, se révèlent tout à coup comme de parfaits biographes. Nous avons déjà parlé incidemment de Tristan Caracciolo, de l’ouvrage biographique de Facius, de la topographie vénitienne de Sabellico, etc. ; il eu est d’autres dont nous dirons plus tard quelques mots. La théorie de l’art d’écrire l’histoire apparait de bonne heure, ainsi qu’était apparue la théorie de l’art d’écrire des lettres et de composer des discours. S’appuyant sur des paroles de Cicéron, elle proclame tout d’abord la haute valeur et l’importance de l’histoire ; elle est assez hardie pour appeler Moïse et les évangélistes de simples historiens, et ne manque pas de recommander vivement l’amour de la vérité et l’impartialité la plus rigoureuse [1].

Les récits du passé portaient, comme de raison, surtout sur l’antiquité classique. Mais ce qu’on chercherait moins chez ces historiens humanistes, ce sont des travaux considérables surl’histoire générale du moyen âge. Le premier ouvrage important do ce genre fut la Chro-

  1. Lorenzo Valla, dans la préface de vmstorîa Ferdinandi régi* Arag. ; voir comme contraste Giacomo Zeno dans la Viia Cardi Zem, MüRaT,, XIX, p. 204. Coilip. aussi Guarino, dans Rosmi^i Π! 62ss., I77 ss.