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CHAPITRE VII. — REPRODUCTION DE L’ANTIQUITÉ.

Comme la plupart des discours étaient élaborés dans le silence du cabinet, rimprimerie s’emparait des manuscrits et répandait au loin les discours prononcés. Par contre, il fallait la sténographie pour recueillir les paroles des grands improvisateurs [1]. En outre, tous les discours que nous possédons n’étaient pas destinés à être prononcés réellement ; tel est, par exemple, le panégyrique de Ludovic le More, par Béroalde, que le prince n’a connu que sous la forme d’un manuscrit [2]. De même que I on composait des lettres avec des adresses imaginaires à titre d’exercice, de formulaires, même d’écrits de tendance, de même il y avait des discours fictifs [3], destinés à servir de modèles en cas de réception de hauts fonctionnaires, de princes, d’évêques, etc.

Pour l’éloquence comme pour le reste, la mort de Léon X (1521) et le sac de Rome (1627) inaugurent l’ère de la décadence. P. Jove [4], qui avait eu peine à s’échapper

  1. P. ex., les discours de Mannetti. Comp. Vesp. Commentario, p. 30. II en était de même de Savonarole ; comp. Perrens, Vie de Smonaroïe, I p. J63. Cependant les sténographes ne pouvaient pas toujours le suivre, non plus que des improvisateurs entraînés par leur verve. Savonarole prêchait en italien ; comp. Pasq. Villiri (traduit par Berouschek, I, 268 ss.).
  2. Ce n’est pas un des meilleurs. Opusmla Beroaldi, Bâle, 1509 fi y a de plus remarquable, c’est ie trait nnal : Etlo Ubi ipsi archetypon et exemgdar, teipsum imitare, etc.
  3. Alberto di RipaJta a écrit des lettres et des discours de ce genre ; comp. l’ouvrage composé par son père et continué par lui, Annales Placeniini, dans Murat., XX, col. 914 ss., où le pédant raconte dune manière tout à fait instructive sa carrière littéraire.
  4. Pauli Jovii Bialogus de vins lüteris illustribus, dans Tiràboschi t. VII, parte IV — Cependant il dit une dizaine d’années plus tard, à la fin des Elogia Utteraria ; Tenemus adhuc, lorsque l’Allemagne avait conquis le premier rang dans la philologie, sincerœ etco7^lanits eloquentiœ munitam arcem, etc. Tout le passage, traduit en allemand dans Grecorovius. Vin, p. 217 ss., a uue importance toute particulière an point de vue du jugement porté par un Italien sur l’AIIemagne ; c’est à ce titre que nous nous en sommes servi encore plus bas.