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CHAPITRE VII. — REPRODUCTION DE L’ANTIQUITÉ.

Pie II [1]. Ce pontife lui-mème avait, à toutes les époques de sa vie, travaillé à sa grandeur future en cultivant l éloquence. Il avait beau être le premier diplomate et le savant le plus remarquable de la curie, peut-être ne serait-il pas devenu pape sans sa réputation d’orateur et sans le charme de sa parole. « Car rien n’était plus sublime que ses élans [2]. » Certainement qu’avant l'élection son éloquence le faisait remarquer comme le plus digne d’occuper le Saint-Siège.

Ensuite on adressait aux princes des allocutions, souvent fort longues, à l’occasion des réceptions solennelles. Naturellement cela n’avait lieu que si le prince aimait ou voulait passer pour aimer l’éloquence [3], et s’il avait sous la main un orateur capable de donner la réplique, que ce fût un lettré de la cour, un professeur de l’Université, un fonctionnaire, un médecin ou un ecclésiastique.

On saisit aussi avec empressement toute autre occasion politique, et, suivant le renom de l’orateur, tout le public instruit accourt à l’envi. Lors du renouvellement annuel de certains hauts fonctionnaires, même lors de l’entrée en fonction de nouveaux évêques, un humaniste est

  1. PII n Comment., l. Il, p. 107, Comp. p. 87. - Une autre femme orateur de rang princier, qui prononça des discours en italien était Madoiina Battista iviontefeltro, mariée à un Malatesta qui harangua le roi Sigismoud et le pape Martin. Comp. Arch. stor ?v I, p. 442, note. ^ '* •
  2. expéditions in Tmcax, dans MOK.IT., XXIII, col. 68. Nihil eni» Pl. etmaontaui majenate sMimim. — Outre la complaisance naïve î-, '“i-“«™« «s »veeès, comp. CaMriTO ’ i’““'’"- ‘■'“5 sans doute, ou « P discours d une manière moins favorable ; comp. 6. Voior Silcius Ænéas, H, p. 275 ss. ^ ’
  3. Un jour pourtant Charles-Quint, écoutant à Gênes un discours latin et ne pouvant suivre le langage fleuri de l’orateur, dit en soupirant à P. Jove : . Ah ! combien mon maître Adrien avait raison autrefois quand il me prédisait que je serais un jour puni de ma paresse à apprendre le latin ! » — Paul Jor., Vita Hadriani VI. Les princes qui avaient été harangués faisaient ordinairement