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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

Ambroise, l‘archevêque de Milan fit prêcher Sylvius Ænéas, qui n’était pas encore entré dans les ordres ; malgré les murmures des théologiens, le concile accepta celte nouveauté et écouta l’orateur avec le plus grand plaisir[1].

Un mot sur les principales occasions qui s’effraient aux orateurs de parler en public.

D'abord ce n’est pas pour rien que les envoyés d’État à État portent le nom d’orateurs : à côté de la négociation secrète il y avait un inévitable morceau de parade, un discours public, prononcé avec le plus de solennité possible[2]. Généralement un seul avait mission de parler au nom de l’ambassade, qui était souvent fort nombreuse; mais il arriva pourtant à Pie II, devant lequel chacun cherchait à se faire entendre, d’étre obligé d’essuyer les discours de tous les membres d’une députation[3]. D’autre part, des princes instruits et bien doués aimaient à parler eux-mêmes, soit en italien, soit en latin. Les enfants de la maison Sforza étaient dressés à cet exercice ; Galéas-Marie, étant tout jeune encore, prononça, en 1455, un discours très-coulant devant le grand conseil de Venise[4], et, au congrès de Mantoue (1459), sa sœur Hippolyte adressa une allocution fort élégante au pape

  1. Pii 11 Comment., 1.1, p. 10.
  2. Autant était grand le succès de l’orateur heureux, autant il était terrible de rester court devant de nombreuses et brillantes assemblées. On en trouve des exemples dans Petrus crinitüs, Dt konesta disciplina, V, Cap. ni. Comp. Vespas.fior., p 319, 430.
  3. Pii II Comment., 1. IV, p. 205. C’étaient, de plus, des Romains qui l’attendaient à Viterbe. Si«?«« ftr sc verhafecere, ne ahus alio mdior videretur, cum estent ehquentia ferme pares. — Ltf^itquon ne permit pas à Pévêque d'Arezzo de parler au nom de la députation envoyée par les états italiens au nouveau pontife Alexandre VI. est compté très-sérieusement par Guichardin (au commencement ! du t. I) au nombre des causes qui aidèrent à amener les malheurs ! de ntalie.
  4. Communiqué par Marin Sanudo, dans Murat., XXII, col. il60*