a-t-il simplement usé de ce prétexte pour écarter les lettrés ? Une âme comme la sienne était fermée, même pour ses contemporains.
Même les plus petits tyrans romagnols sont plus ou moins tenus d’avoir à leur cour un ou plusieurs humanistes attitrés ; chez eux, le précepteur et le secrétaire ne sont souvent qu’une seule et même personne, qui, de temps â autre, devient le factotum delà cour[1]. Généralement on est porté à rire de ces arrangements domestiques et à mépriser les cours qui se les permettent ; mais on oublie que les choses de l’esprit ne se mesurent pas à l’importance des milieux.
Dans tous les cas, c’était une singulière vie que celle qu’on menait à la cour de Rimini sous le hardi pàien et condottiere Sigismond Malatesta. Il avait autour de lui un grand nombre de philologues ; il en dota quelques-uns richement, en leur donnant des terres, par exemple, pendant que d’autres étaient officiers et avaient ainsi leur existence assurée[2]. Dans son château (arx Sismundea) ils ont souvent des discussions fort violentes en présence du « rex »), comme ils l’appellent ; dans leurs poésies latines, ils le chantent comme de raison et célèbrent ses amours avec la belle Isotta, en l’honneur de laquelle fut
- ↑ Sur Collenuccio à la cour de Jean Sforza de Pesaro (fils d’Alexandre, p. 34), qui finalement le récompensa en le faisant mourir, p. 172, note 3. - Chez le dernier Ordelaffo, de Forli, c’est Codrus Urceus qui remplit ces fonctions (1447-1480) ; plaintes près de son lit de mort dans C. U. 0pp., Ven-, 1506, fol. 54 ; sur le séjour à Forli, v. Sermo VI. Comp. Carlo Malagola, Ddla mta di C. U., Bologna, 1877, cap. iv. — Parmi les tyrans lettrés il faut aussi nommer Galeotti Manfreddi, de Faenza, assassiné par sa femme en 1488, et quelques Beniivogli de Bologne.
- ↑ Anecdota litterar.. H, p. 305 SS-, 405. Basinius de Parme se moque de Porcellio et de Tommaso Seneca ; en leur qualité de parasites affamés, dit-il, ils sont encore obligés, sur leurs vieux jours, de jouer aux soldats, tandis que lui est pourvu à’ager et de vdla.
