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CHAPITRE V. — LES UNIVERSITÉS ET LES ÉCOLES.

Pour se faire une idée du mouvement scientifique d'alors, il faut autant que possible oublier l‘organisation de nos académies modernes. Les relations personnelles, les discussions savantes, l’usage constant du latin, et même du grec chez un grand nombre, enfin les fréquents changements de maîtres et la rareté des livres donnaient aux études d’alors une forme que nous ne pouvons nous représenter qu’avec peine.

Il y avait des écoles latines dans toutes les villes tant soit peu considérables, bien moins pour préparer aux hautes études que parce que l’étude du latin venait immédiatement après la lecture, l’écriture et le calcul ; au latin lui-même succédait la logique. Un fait capital, c’est que ces écoles dépendaient, non de l’Église, mais de l’administration municipale ; il y en avait même qui étaient de simples entreprises privées.

Sous les auspices de quelques humanistes distingués, les études étaient arrivées à un grand développement ; elles devinrent avec le temps la base d’une éducation supérieure. À l‘éducation des enfants de deux maisons princières de la haute Italie se rattachent des iustitutions qu’on peut appeler uniques dans leur genre.

À la cour de Jean-François de Gonzague (qui régna de 1407 à 1444), à Mantoue, parut l’illustre Vittoriuo da Feltre[1] (né en 1397, mort en 1446), qui de son vrai nom s’appelait Vittore dai Rambaldoni — il aimait mieux se dire de Mantoue que de Feltre. — C’était un de ces hommes qui consacrent toute leur existence à un but unique, et

  1. Vespcu. Fier., p, 460. PreNDIlaqua {élève de Vitt,), intorno alla vita di l d. F., publié pour la première fois par Natale dalle Laste, 1774, traduit par Giuseppe Brambilla, Cimo, 1871. C. Rosmini, Idea dell’ ottimo preceilore nella vita e disciplina di Vittoî'ino da Feltre e de' moi discepoli, Ëassano, I80i, Nouveaux écrits de Racbeli (Milan. 1832), Benoit (Paris, 1853).