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CHAPITRE IV. — L’HUMANISME AU QUATORZIÈME SIÈCLE.

sato (p. 179) fut couronné à Padoue (1310), par l’évêque et par le recteur de l’Université ; l’Université de Paris, dont le recteur était un Florentin, et la municipalité de Rome se disputèrent l’honneur de couronner Pétrarque (1341) ; même l’examinateur qu’il avait choisi, le roi Robert d’Anjou, aurait voulu célébrer la cérémonie à Naples, mais Pétrarque préféra se faire couronner au Capitole par le sénateur de Rome. Pendant quelque temps cet honneur fut le but de l’ambition des poètes ; Jacques Pizinga^ haut fonctionnaire sicilien, le brigua entre autres [1]. Mais tout à coup parut en Italie Charles IV, qui se faisait un vrai plaisir d’imposer au vulgaire ignorant par des cérémonies pompeuses. Partant de l’hypothèse que le droit de couronner les poètes avait appartenu autrefois aux empereurs romains et qu’il devait, par conséquent, l’exercer aussi, il couronna, à Pise, le savant florentin Zanobi della Strada (15 mai 1355), au grand scandale de Pétrarque, qui se plaint que le « laurier barbare ait osé orner le front de l’bomme aimé des Muses d’Ausonie », et à la grande contrariété de Boccace, qui ne veut pas reconnaître la valeur de cette laquera pisana [2]. On pouvait, en effet, se demander de quel droit un demi-Slave jugeait le mérite de poètes italiens. Cependant, à partir de cette époque, les empereurs voyageant en Italie couronnèrent des poëtes, tantôt dans une ville, tantôt daus une autre (p. 21) ; au

  1. Lettre de Boccace au même, dans les Opere volgarî, vol. XVI, p. 36 : Si prœstet Deus, concedente senatn Romuîeo,..
  2. Matt. ViLLAiM, V, 26. Il y eut un cortège qui fit solenneliement le tour de la ville à cheval ; la suite de l’Empereur, les barons escortèrent le poëte. Boccace, voir ailleurs ; pétr., Invecthœ contra medicumpreef. Comp. aussi Epp. fam, voîgarizzafe da FracassvUi, vol. III (1865), p. 128. Sur le discours prononcé au couronnement par Zanobi, voir Friedjung, p. 303 ss. — Fazio degli Uberti fut aussi Couronné, mais on ne sait pas où ni par qui.